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YKPAÏHAUKRAINE

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  • L'Ukraine avant
    le XXème siècle
  • L'Ukraine et le
    siècle soviétique
  • Les débuts de
    l'Indépendance ukrainienne
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    Orange
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    Donbass et Crimée
  • L'élection de Zelensky et
    l'Ukraine en guerre
Édito
Ykpaïha/Ukraine
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Édito
Ykpaïha/Ukraine

Alors que l’Ukraine venait juste de célébrer ses 30 ans d’indépendance, ce pays, deuxième d’Europe par la taille, fait face depuis le 24 février à l’invasion de l’armée russe.

L’équipe de Géopolis/Euradio était sur place quelques jours avant l’invasion pour y réaliser une série de reportages. Malgré les alertes des services de renseignements américains qui mettaient en garde, depuis des mois, contre le risque d’une possible invasion du pays, la plupart des Ukrainiens rencontrés n’imaginaient pas que Vladimir Poutine lancerait une attaque de l’ampleur de celle à laquelle nous assistons.

L’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, son rôle joué dans la guerre du Donbass (15 000 morts depuis 8 ans), l’impunité avec laquelle le maître du Kremlin aura pu mener le siège d’Alep en Syrie en 2016, lui auront peut être laissé penser qu’il était désormais tout puissant face à un Occident apparemment tétanisé et que cette “opération spéciale” en Ukraine se solderait par une victoire rapide. 

Malgré la Révolution Orange en 2004, malgré Maïdan en 2013, Vladimir Poutine et son entourage n’auront pas voulu voir combien l’Ukraine avait changé depuis son indépendance. Une indépendance, rappelons-le, validée lors d’un référendum en 1991 dans l’ensemble des régions du pays, de Lviv à Louhansk, de Kyiv à la Crimée. 

La Russie n’aura pas voulu voir également combien les épreuves de l’histoire récente auront contribué à unir ce pays considéré jusqu’à récemment, et en grande partie à tort, divisé entre ukrainophones et russophones.

Alors que 80% d’Ukrainiens considéraient avant 2014 la Russie comme un pays ami, la violence des opérations russes depuis le 24 février 2022, les bombardements aveugles et les mensonges du Kremlin auront conduit au résultat inverse de celui que recherchait Vladimir Poutine. Au lieu de réunir Russie et Ukraine cette offensive aura fini d’aliéner, de façon peut être irréparable, la relation entre deux peuples qui avaient pourtant en partage une histoire, une langue et de multiples liens familiaux et humains.

Deux mois après l’invasion, les difficultés de l’armée russe en Ukraine se solderont probablement par une tragédie pour les Ukrainiens mais également pour les Russes.

© Guillaume Herbaut / Agence VU’

Carte de l’Ukraine en Europe, sans la Crimée, la République populaire de Lugansk et de Donetsk. ©Athosmera CC Wikimedia Commons.

Chapitre 1

L'Ukraine avant le XXème siècle

L’Ukraine
au
Moyen-âge
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L’Ukraine
au
Moyen-âge

La  « Rus de Kyiv » est, selon la légende, fondée par Riourik, un chef varègue (vikings orientaux venus de Scandinavie) à la fin du IXème siècle. En 882 le prince Oleg s’établit à Kyiv et donne son importance à cette cité, bientôt capitale de ce nouvel État. Cette principauté est considérée comme l’État fondateur de l’Ukraine mais aussi de la Russie, qui se disputent son héritage considéré comme aux racines des États actuels.

Pendant ce qui s’apparente à l’âge d’or de l’État, le prince Vladimir convertit ses sujets au christianisme, en 988.

Plus fédération qu’État, la Rus de Kyiv connaît un rayonnement assez important, marqué notamment par des mariages prestigieux, comme celui de la princesse Anne de Kyiv avec le roi de France Henri II, en 1062.

Kyiv devient à cette époque un carrefour commercial. C’est notamment à cette période qu’est construite l’Église Sainte-Sophie de Kyiv, l’un des joyaux du patrimoine de la capitale ukrainienne. 

Église Sainte-Sophie ©Jorge Franganillo.

Cette prospérité prend fin quand Kyiv est incendiée en 1169. La région subit bientôt les assauts des Mongols qui ruinent définitivement la région entre 1238 et 1240, tandis qu’une grande partie de la population prend la fuite vers l’Ouest.

Le territoire de l’ancienne Rus de Kyiv est ensuite incorporé au grand-duché de Lituanie. En 1569 ce royaume va ensuite s’unir par la suite avec le Royaume de Pologne, au sein d’un État, celui de la République des deux nations.

Quelques questions à Thierry Piel, maître de conférences en Histoire à l’Université de Nantes

C’est quoi la Rus de Kyiv ?

euradio · THIERRY PIEL – C’est quoi la Rus de Kyiv ?

Ukraine, berceau de la Russie ?

euradio · THIERRY PIEL – Ukraine, berceau de la Russie ?

Ukraine, une colonie de la Russie ?

euradio · THIERRY PIEL – Ukraine, une colonie de la Russie ?
Les
Cosaques
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Les
Cosaques

Mi-peuple mi-milice armée, les Cosaques se développent à partir du XVIème siècle et jouent un rôle important dans l’histoire de l’Ukraine.

Cosaques de l’armée russe pendant la première guerre mondiale. ©Bibliothèque nationale de France.

Ils sont notamment connus pour avoir développé une organisation originale basée sur une forme de démocratie articulée autour d’une assemblée (la Rada), des officiers et un commandant suprême, l’hetman. 

Orthodoxes, ils s’opposent de plus en plus aux Polonais qui dominent la région et contre lesquels ils se soulèvent régulièrement. En 1648, une véritable guerre éclate entre les Polonais et les Cosaques avec à leur tête l’hetman Bogdan Khmelnitski. Ayant installé son pouvoir à Kyiv mais toujours en lutte avec les Polonais il conclut, en 1654, à Pereïaslav, un accord avec la Moscovie, en se plaçant sous la protection du tsar. 

Après la mort de Khmelnitski, le traité d’Androussovo de 1667 entérine cette situation en partageant le territoire de l’Ukraine entre la Russie et la Pologne qui prennent respectivement le contrôle de Kyiv et des territoires à l’Ouest du Dniepr. Les cosaques continuent d’être présents en Ukraine orientale mais sont progressivement assimilés par l’Empire russe.

Une tentative pour constituer une Ukraine indépendante est menée par un chef cosaque, l’hetman Mazepa mais qui, malgré le soutien de la Suède, se solde par une défaite des Cosaques face aux armées russes de Pierre le Grand, à Poltava, en 1709. 

Les institutions cosaques, l’hetmanat, sont définitivement supprimées en 1764.

Quelques dates de l’histoire ukrainienne

IXème siècle – Fondation de la « Rus de Kyiv » qui perdurera jusqu’au XIIIème siècle.

1238-1240 – La région de Kyiv est ruinée par les dévastations de la conquête mongole.

1350 à 1360 – Une partie du territoire, au sud, est annexée par le grand duché de Lituanie. Dans le même temps, la Galicie-Volhynie est conquise par la Pologne.

XVIème siècle – Développement des Cosaques, populations semi-nomades qui s’installent en communautés militaires indépendantes dans la région du Dniepr.

1667 – Traité d’Androussovo qui partage l’Ukraine entre la Pologne et la Russie.

Quelques questions à Thierry Piel et Alexandra Goujon, politiste et spécialiste de l’Ukraine et de la Biélorussie

C’est quoi les cosaques ?

euradio · THIERRY PIEL – C’est quoi les cosaques ?

Quel héritage les cosaques ont-ils laissés dans l’Histoire ?

euradio · ALEXANDRA GOUJON – Quel héritage les cosaques ont-ils laissé dans l’Histoire ?
L’Ukraine
dans
l’Empire
russe
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L’Ukraine
dans
l’Empire
russe

En 1654, un chef cosaque, Bogdan Khmelnitski, en révolte contre la Pologne s’allie avec la Russie. L’histoire d’une grande partie de la nation ukrainienne en construction est désormais liée à celle de la Russie. 

Ordre de Bogdan Khmelnitski ©Wikimedia Commons

Le territoire de la Crimée, jusqu’alors un khanat vassal de l’Empire ottoman peuplé de Tatars, est quant à lui annexé par Catherine II, en 1783. 

L’Empire russe qui administre l’Ukraine comme les autres territoires de l’Empire ne contrôle pas l’ensemble du territoire actuel de l’Ukraine. Une partie est sous domination austro-hongroise, notamment la Galicie et la ville de Lemberg (l’actuelle Lviv).

C’est au XIXème siècle et particulièrement dans sa première moitié que la conscience nationale ukrainienne se développe, notamment avec la création des premières universités à Kharkiv, Kyiv et Odessa.

C’est également à cette période que sont créées les premières organisations ouvrières. 

L’Ukraine vit à cette période un fort renouveau littéraire marqué notamment par l’œuvre de Tarass Chevtchenko (1814 – 1861) qui promeut une Ukraine libre, ce qui lui vaut d’être déporté par le régime tsariste qui veille à ce que les velléités nationalistes ukrainiennes restent totalement sous contrôle. Malgré ce contexte répressif, des sociétés clandestines se créent avec pour objectif de promouvoir la culture ukrainienne.

En 1863, la langue ukrainienne est interdite dans tout le territoire de l’Empire. L’enseignement en ukrainien dans les écoles est ainsi prohibé jusqu’en 1917. À cette période, même le nom ukrainien est jugé hors d’usage et remplacé par un autre, celui de malorusskij, ou « petit-russe », en français.

La révolution de 1905 entraîne aussi une agitation en Ukraine et le pouvoir tsariste desserre quelque peu le carcan répressif, permettant notamment le développement de publications en ukrainien, jusqu’alors interdites.

Dans le territoire ukrainien qui n’est pas sous contrôle russe mais sous contrôle autrichien depuis 1772, la situation est sensiblement différente, l’enseignement en ukrainien étant autorisé même si le polonais reste largement dominant dans cette partie du territoire.

L’Ukraine du XIXème siècle

Au XIXème, le territoire ukrainien connaît un essor très important marqué notamment par un fort développement de l’agriculture, des mines de l’est de l’Ukraine et des infrastructures ferroviaires. 

L’Ukraine dominée par l’Empire russe est alors divisée entre des campagnes où l’on parle majoritairement ukrainien et des villes où l’on parle russe. Une importante communauté juive participe également activement au développement économique du pays.

Quelques questions à Alexandra Goujon et Thierry Piel

Existe t-il des travaux communs entre historiens russes et ukrainiens ? 

euradio · ALEXANDRA GOUJON – Existe t-il des travaux communs entre historiens russes et ukrainiens ?

Le réveil national ukrainien a t’il été étouffé par l’Empire russe ?

euradio · THIERRY PIEL – Le réveil national ukrainien du XIXème siècle a t’il été étouffé par l’Empire russe ?
Chapitre 2

L'Ukraine et le siècle soviétique

L’Ukraine
et
la
Révolution
russe
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L’Ukraine
et
la
Révolution
russe

La première guerre mondiale va soumettre à rude épreuve l’Empire russe qui s’épuise dans ce conflit. L’Ukraine, de par sa position géographique, se retrouve en première ligne entre les différents belligérants.

En 1917, juste avant le début de la révolution russe la ligne de front traverse d’ailleurs la Galicie. C’est un pays épuisé par 3 longues années de conflit qui chasse son empereur en février 1917.

En Ukraine comme dans tout l’Empire, la chute des Romanov crée une immense onde de choc. Quelques jours plus tard est fondée, à Kyiv, une Rada, un parlement qui déclare l’autonomie de l’Ukraine.

Alors que les bolchéviks renversent le gouvernement provisoire à Petrograd en octobre 1917 et que Lénine devient l’homme fort en Russie, leur influence se développe également en Ukraine. Les bolcheviks très présents dans les bassins industriels de l’Est proclament, le 24 décembre 1917, la création de la république soviétique d’Ukraine. Le Parlement de Kyiv riposte en déclarant l’indépendance de l’Ukraine le 9 janvier 1918.

Une situation insurrectionnelle se développe obligeant la Rada à se réfugier à Jitomir. La guerre n’est pas terminée et l’Allemagne profite du chaos pour envahir l’Ukraine, dissout la Rada et installe un gouvernement à sa solde en Ukraine.

La défaite de l’Allemagne en novembre 1918 entraîne son retrait et le rétablissement d’un gouvernement ukrainien dont Symon Petlioura prend la tête.

L’Ukraine sombre dans la guerre civile

De 1919 à 1920 l’est de l’Ukraine est déchiré par les combats qui opposent l’armée rouge aux armées blanches mais aussi des forces anarchistes ou encore les forces ukrainiennes. L’armée rouge prend progressivement l’avantage.

Évolution des frontières de l'Ukraine au XXème siècle - Wikimedia Commons.
Évolution des frontières de l’Ukraine au XXème siècle – Wikimedia Commons.
L’Ukraine devient partie intégrante de l’Union soviétique

Le 30 décembre 1922 est fondée l’URSS qui réunit les Républiques socialistes soviétiques de Russie, la Biélorussie, d’Ukraine et de Transcaucasie. L’Ukraine intègre ce nouvel État.

À la veille de la Première Guerre mondiale, une très grande partie du territoire ukrainien est intégrée à l’Empire russe tandis que la partie occidentale de l’actuelle Ukraine relève de l’Empire austro-hongrois.

Après le début de la guerre, la Russie connaît des premières victoires qui lui permettent de contrôler la région de Galicie et la ville de Lviv, soumise à une russification très forte.

Face aux défaites qui se succèdent, la Russie entre en révolution au début de 1917.

À ces premières victoires succèdent cependant de lourdes difficultés et la situation se tend singulièrement dans l’Empire russe.

Une question à Thierry Piel et Alexandra Goujon

Pourquoi la première Indépendance de 1917 n’a pas fonctionné en Ukraine ?

euradio · ALEXANDRA GOUJON – Pourquoi la première Indépendance de 1917 n’a pas marché ?
euradio · THIERRY PIEL – Pourquoi la première Indépendance de 1917 n’a pas marché ?
Les
débuts
de
l’Ukraine
soviétique
et
le
Holodomor
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Les
débuts
de
l’Ukraine
soviétique
et
le
Holodomor

De 1922 à 1930 les dirigeants bolcheviks mettent en œuvre une politique d’« ukrainisation ». L’objectif de cette politique est de faciliter l’édification du socialisme. La langue ukrainienne est valorisée dans l’enseignement et dans l’administration même si cette question déchire les communistes ukrainiens, pour certains rétifs à cette politique d’ukrainisation.

Les bolcheviks tentent de remettre sur pied une économie ravagée par la guerre, la révolution et les conséquences d’une famine qui a fait un million de morts entre 1921 et 1922.

Dans cette première période du communisme une politique d’ouverture qui maintient une petite dose d’économie de marché (la NEP “nouvelle politique économique”) limite le côté dirigiste de l’économie, permettant une relative liberté qui permet à l’Ukraine de retrouver son niveau d’avant-guerre en 1927.

À partir de 1928, dans le cadre des plans quinquennaux de développement, l’Ukraine s’industrialise massivement tandis que l’urbanisation transforme la société (le taux d’urbanisation passe de 19 à 34 % entre la révolution et la Seconde Guerre mondiale).

La phase d’ukrainisation se termine brutalement au tournant des années 1930 alors qu’une répression féroce s’abat sur tous ceux qui sont accusés de “déviation nationaliste”. Cette campagne de terreur s’abat sur les intellectuels, artistes mais aussi sur le clergé et les communistes ukrainiens, lesquels sont soumis à de violentes purges. Entre 1936 et 1938, 99 des 102 membres du Parti communiste ukrainien sont exécutés.

Photo : Wilhelm Braumüller

Les Soviets contre les Koulaks et le Holodomor

À partir de la fin des années 1920, les autorités s’engagent dans une véritable guerre contre les Koulaks, des paysans que les autorités considèrent comme “riches”. D’abord taxés massivement, 100 000 d’entre eux sont ensuite déportés en Sibérie ou au Kazakhstan.

L’agriculture est rapidement collectivisée entre 1929 et 1930, désorganisant très largement ce secteur. Staline répond par la terreur à la résistance de nombreux paysans aux transformations en cours.

Malgré les mauvaises récoltes, les autorités soviétiques imposent des réquisitions toujours plus irréalistes qui conduisent à une effroyable famine, faisant entre 5 et 7 millions de morts, et dépeuplent durablement les campagnes ukrainiennes.

Une question à Alexandra Goujon, spécialiste de l’Ukraine et de la Biélorussie

C’est quoi le Holodomor ?

euradio · ALEXANDRA GOUJON – C’est quoi le Holodomor ?
La
Seconde
Guerre
mondiale
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La
Seconde
Guerre
mondiale

L’URSS a, sous les ordres de Staline, quasiment décapité et profondément désorganisé son armée en soumettant son élite à de meurtrières purges. C’est notamment cette situation qui conduit Staline à signer un pacte de non-agression avec l’Allemagne nazie, le 23 août 1939. Ce pacte est assorti d’une clause secrète dans le cadre duquel les deux pays se partagent des régions qu’ils s’apprêtent à conquérir, notamment la Pologne.

Dans les mois qui suivent la signature du pacte et après la déclaration de guerre, l’URSS s’agrandit alors de la Galicie, prise à la Pologne, et de la Bucovine, prise à la Roumanie. Ces annexions s’accompagnent de purges et de déportations qui prennent, là encore, un caractère massif.

Le 22 juin 1941 le pacte germano-soviétique vole en éclats avec l’invasion de l’URSS par l’Allemagne. En quelques mois, les forces du Reich parviennent à prendre le contrôle de la totalité du territoire ukrainien.

Kyiv sous les bombes pendant la Seconde guerre mondiale. ©Wikimedia Commons

Dans leur retraite, les Soviétiques exécutent près de 20 000 prisonniers.

Après des années marquées par la terreur stalinienne, les Allemands sont parfois accueillis en libérateurs. Les chefs d’organisations ukrainiennes nationalistes tentent d’en profiter pour déclarer la restauration de l’indépendance ukrainienne mais l’aventure tourne court et les responsables de ce projet sont déportés par les Allemands.

Près de 2 millions d’Ukrainiens sont déportés en Allemagne pour y être astreints au travail forcé.

La « Shoah par balle »

L’Ukraine fut également le théâtre de certaines des pages les plus sanglantes de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. À l’automne 1941, à peine quelques mois après leur arrivée en Ukraine, les Allemands débutent l’extermination massive des populations juives d’Ukraine. Environ 1 million 200 000 Juifs sont exterminés en Ukraine dont 70 000 à Babi Yar, un ravin près de Kyiv, le plus souvent tués d’une balle dans la nuque.

Après leur victoire à Stalingrad début 1943, les Soviétiques lancent la reconquête de l’Ukraine. Kyiv est reprise en novembre de la même année. Le bilan de la guerre en Ukraine est estimé à environ 4 ou 5 millions de victimes civiles dont 1 million 200 000 Juifs environ. On estime qu’environ 16 % de la population ukrainienne perd la vie pendant la Seconde Guerre mondiale.

À la fin de la guerre, le territoire de la République Socialiste Soviétique (RSS) d’Ukraine est agrandi de nouveaux territoires pris sur l’ancien territoire polonais, notamment la Galicie et sa capitale Lviv, mais aussi la Volhynie ou encore la Bucovine du nord prise à la Roumanie. Ces modifications de frontières s’accompagnent aussi de transferts de populations.

Tragiques lendemains de guerre

Après la guerre, Staline organise des déportations massives de populations qu’il estime ne pas avoir été assez fidèles au régime pendant le conflit.

Les déportations touchent les populations de racine allemande près de la Mer noire, et les Tatars de Crimée, population musulmane de Crimée dont 180 000 membres sont déportés au Kazakhstan. 100 000 Ukrainiens de l’Ouest sont quant à eux déportés en Sibérie entre 1946 et 1949.

La collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale

Si la grande majorité des Ukrainiens se sont battus pendant la Seconde Guerre mondiale du côté soviétique, certains Ukrainiens, par haine du communisme soviétique ou par adhésion au nazisme, se sont engagés dans la collaboration, notamment au sein de l’organisation OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens) ou encore au sein de l’UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne). Dirigée par Stepan Bandera, cette armée comptera pendant un temps près de 40 000 combattants.

Une partie de ces combattants anti-soviétiques continueront à se battre après la guerre, jusqu’au début des années 1950.

Quelques questions à Thierry Piel et Alexandra Goujon

L’Ukraine et la Seconde Guerre mondiale

euradio · ALEXANDRA GOUJON – L’Ukraine et la Seconde Guerre mondiale

XXème siècle, siècle des catastrophes en Ukraine ?

euradio · THIERRY PIEL – XXème siècle, siècle de catastrophes en Ukraine ?
De
1945
à
1985
–
L’Ukraine
soviétique
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De
1945
à
1985
–
L’Ukraine
soviétique

L’Ukraine sort très meurtrie de la Seconde Guerre mondiale sur fond de déportations massives de certaines populations de régions d’Ukraine et alors que le pays connaît une famine qui fait près d’un million de victimes.

Une épuration contre d’anciens collaborateurs, réels ou supposés, se déchaîne tandis qu’une guérilla se prolonge jusqu’au début des années 1950.

Sur ordre de Staline, l’Eglise gréco-catholique, très présente dans l’Ouest du pays, est dissoute. Une dissolution qui s’accompagne de multiples emprisonnements de membres du clergé.

Le corset de la dictature se desserre avec l’arrivée de Khrouchtchev à la tête de l’URSS, même si la russification reste encore à l’ordre du jour, aussi marquée par des restrictions de l’usage de la langue ukrainien.

C’est à cette époque que, pour célébrer l’accord de Pereïaslav, qui avait en 1654 uni une grande partie du territoire ukrainien à la Russie, Khrouchtchev offre à l’Ukraine la région de Crimée jusqu’à alors rattachée à la république soviétique de Russie.

À cette même période, l’emprisonnement de plusieurs dissidents ukrainiens entraîne un renouveau du sentiment national ukrainien. 

Comme le reste de l’URSS, l’Ukraine connaît un ralentissement économique à partir des années 1970, ralentissement qui s’aggrave au cours des années 1980.

Nikita Khrouchtchev ©Wikimedia Commons
Tchernobyl,
l’URSS
face
à
ses
contradictions
?
+
Tchernobyl,
l’URSS
face
à
ses
contradictions
?

Le 26 avril 1986, en pleine nuit, l’équipe de la centrale nucléaire de Tchernobyl entreprend des tests de sûreté sur ces installations de technologie soviétiques construites en 1971, à une centaine de kilomètres au nord de Kyiv.

Mal calibrés, ces tests de sûreté tournent à la catastrophe, entraînant une explosion considérée, jusqu’à aujourd’hui, comme la plus grave de l’histoire de l’industrie électronucléaire civile. De façon totalement non planifiée, la puissance du réacteur augmente de près de 100 fois. Sous la pression, la dalle de béton qui protège le réacteur est propulsée dans les airs et un nuage radioactif se répand.

Copyright: IAEA Imagebank Photo Credit: USFCRFC

Une immense opération sous la direction de l’armée soviétique est alors mise en place pour tenter d’empêcher que la catastrophe ne prenne encore davantage d’ampleur.

Cette catastrophe vient s’ajouter aux drames qui ont touchés l’Ukraine au cours du XXème siècle après le Holodomor et la Seconde Guerre mondiale.

Près de 600 000 militaires soviétiques participent à cette opération de dimension inédite.

Une immense zone répartie sur le Belarus, l’Ukraine et la Russie est déclarée impropre et les habitants en sont évacués.

Par son coût économique et diplomatique, confrontant l’URSS à ses propres mensonges, la catastrophe de Tchernobyl a aussi contribué à hâter l’effondrement de l’Union soviétique et, in fine, accéléré le processus d’indépendance de l’Ukraine. Elle entraîne également la création d’un important mouvement écologique qui bouscule les élites politiques.

Malgré l’accident, une partie des réacteurs a été remise en fonction en 1987 et a continué à fonctionner jusqu’à l’an 2000.

En 2016, une énorme installation vient chapeauter le sarcophage provisoire qui avait été installé.

Près de 35 ans après la catastrophe, le bilan est encore particulièrement difficile à établir précisément. Le nombre des décès oscille entre 5000 et 10 000 avec des conséquences directes et indirectes.

Eric Gaba – Wikimedia Commons user: Sting

On en parle dans les archives de la Sonuma/RTBF

Ukraine, l’après Tchernobyl – 17 janvier 1987

Tchernobyl, 5 ans après – 25 avril 1991

Les conséquences sanitaires de Tchernobyl – 12 octobre 1991

De
1985
à
1991
–
Les
réformes
de
Gorbatchev
réveillent
les
nationalismes
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De
1985
à
1991
–
Les
réformes
de
Gorbatchev
réveillent
les
nationalismes

En 1985, l’URSS est très fragilisée par des faiblesses structurelles de plus en plus difficiles à dissimuler et qui s’accumulent depuis 1970. L’économie, totalement étatisée, est largement inefficace et peine à suivre la course aux armements que lui imposent les États-Unis.

Si la dictature du parti a réussi à étouffer les nationalismes et les particularismes régionaux, elle n’est cependant pas parvenu à les éliminer totalement.

L’URSS a également de plus en plus de mal à apporter un soutien financier aux nombreux régimes communistes qu’elle soutient aux quatre coins du monde.

En plus de ces faiblesses structurelles, l’URSS est engagée depuis 1979 dans une guerre en Afghanistan aux coûts humain, diplomatique et économique particulièrement désastreux.

Pièces d’artillerie abandonnées en Afghanistan après le départ de l’armée russe

En mars 1985, c’est face à cette situation que Mikhaïl Gorbatchev, nouvel homme fort de l’Union soviétique doit faire face en arrivant au pouvoir. Relativement jeune par rapport à ses prédécesseurs, sa nomination fait souffler un vent nouveau sur le pays.

Dès son arrivée au pouvoir, il engage son pays dans une série de réformes qui desserrent la main du pouvoir.

Sa volonté de transparence est d’ailleurs rapidement mise au défi quand survient, le 26 avril 1986, une catastrophe nucléaire dans la centrale de Tchernobyl, au nord de l’Ukraine. Le pouvoir soviétique cherche dans un premier temps à dissimuler l’ampleur de la tragédie (Tchernobyl, l’URSS face à ses contradictions ?).

La libéralisation partielle du régime entraîne cependant une réaction en chaîne et le réveil des revendications nationales en URSS. En Ukraine, des associations et partis patriotiques voient le jour. L’Ukraine connaît également un réveil religieux qui s’inscrit dans sa marche vers l’autonomie.

En 1988, est créée l’Union ukrainienne d’Helsinki dans le but de restaurer la souveraineté de l’Ukraine, suivi en 1989 par le Roukh, mouvement national ukrainien et premier parti politique dans le pays. 

En 1989, l’Ukraine connaît un fort mouvement social qui secoue le Donbass où les conditions de travail sont de plus en plus difficiles.

Le 16 juillet 1990, un parlement ukrainien renouvelé (en partie) de façon démocratique déclare la souveraineté de l’Ukraine.

En quelques années, le monde communiste s’effondre.

Mikhaïl Gorbatchev ©RIA Novosti archive, image #850809 / Vladimir Vyatkin / CC-BY-SA 3.0
Quelques dates de l’histoire ukrainienne

1985 – Dans le cadre de la Perestroïka lancée par Mikhaïl Gorbatchev l’URSS lance des réformes économiques et sociales d’ampleur. Comme dans d’autres républiques de l’ex-URSS cette politique d’ouverture entraîne un réveil du sentiment national ukrainien.

26 avril 1986 – Tchernobyl. L’explosion d’un réacteur nucléaire au nord de Kyiv provoque la contamination des terres d’une partie de l’Ukraine, de la Biélorussie, et de la Russie. Le compte exact des victimes directes et indirectes de l’accident reste encore aujourd’hui incertain.

1989 – Le premier parti politique ukrainien, Mouvement populaire d’Ukraine « Roukh » est fondé. Le Parlement adopte, le 16 juillet 1990, la Déclaration sur la souveraineté politique de l’Ukraine.

26 août 1991 – Après qu’un coup d’Etat ait fait trembler l’URSS et tenu Gorbatchev en dehors du pouvoir pendant 3 jours l’Ukraine déclare son indépendance le 26 août 1991.

1er décembre 1991 – Référendum sur l’indépendance, 90,5% d’électeurs votent pour l’indépendance du pays. La semaine suivante, l’acte de décès officiel de l’URSS est signé à Belovej, au Belarus, par les présidents ukrainien, russe et bélarusse.

Chapitre 3

Les débuts de l'Indépendance ukrainienne

1991
–
Effondrement
de
l’URSS
versus
indépendance
ukrainienne
+
1991
–
Effondrement
de
l’URSS
versus
indépendance
ukrainienne

L’année 1991 s’ouvre en URSS dans des conditions particulièrement difficiles. La direction soviétique semble débordée par les conséquences des réformes qu’elle a elle-même engagées et qu’elle cherche désormais à stopper. Si sur la scène internationale Gorbatchev parvient à se faire très largement apprécier, il est en tout autre au sein même de son pays où il est rendu responsable d’une situation économique particulièrement dramatique.

Au sein des forces militaires, beaucoup reprochent aussi à Gorbatchev de dilapider l’héritage soviétique en ne réagissant pas aux changements de régimes dans les anciennes républiques sœurs de l’Est de l’Europe. 

Mikhaïl Gorbatchev cherche par tous les moyens, au cours de l’année 1991, à sauver un Empire dont la dislocation semble inévitable. Il table notamment sur la refondation de l’URSS où les pouvoirs doivent être redéfinis entre le centre et les différentes républiques. La signature de ce traité est prévue pour le 20 août 1991.

Pour empêcher ce projet qu’ils considèrent comme le prélude à la fin de l’Union soviétique, un groupe de conjurés fomente un coup d’État. Au lieu de sauver l’Union, ce putsch (du 19 au 21 août) en précipitera la chute : dans les jours qui suivent l’échec de ce coup d’État, de nombreuses républiques soviétiques déclarent leur indépendance. C’est le cas de l’Ukraine, le 24 août 1991.

Gorbatchev récupère sa fonction de président devenue surtout formelle, mais le coup d’État a inexorablement fait basculer le pouvoir réel vers les chefs des différentes républiques.

Le 8 décembre les présidents russe, ukrainien et bélarusse actent la fin officielle de l’URSS. Ils créent une Communauté des Etats Indépendants (CEI) qui ne restera cependant qu’une structure de coordination extrêmement lâche.

Photo: RIA Novosti archive, image #848095, U. Ivanov / Ю. Иванов

Un référendum pour l’Indépendance

Le 1er décembre 1991, un référendum est organisé en Ukraine au sujet de l’indépendance du pays. Le « oui » triomphe très massivement à plus de 90 %. Dans une seule région le oui ne dépasse pas les 80 % : la Crimée qui vote à 54 % pour l’indépendance.

Pourcentage de OUI au Référendum de 1991 ©Alex K, Wikimedia commons

On en parle dans les archives de la Sonuma/RTBF

Loin de Moscou, dans les profondeurs de l’Ukraine – 22 décembre 1992

Une
économie
dévastée
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Une
économie
dévastée

Pour l’ensemble des États de l’ex-URSS, la transition du communisme vers le capitalisme constitue une bascule extrêmement ardue.

Certains pays ex-communistes comme la Russie ou la Pologne optent pour une transition radicale tandis que d’autres, à l’instar du Belarus, tentent des réformes beaucoup plus timides.

L’Ukraine est dans un entre-deux mais paie un très lourd tribut à la transition. Entre 1991 et 1992, les prix connaissent ainsi en Ukraine une hausse de près de 3 100 %.

La Place Maïdan (Indépendance) de Kyiv

La monnaie transitoire que l’Ukraine met en place en 1991 perd 90 % de sa valeur en 1992. 

Même si les Ukrainiens font le dos rond en attendant des jours meilleurs, des grèves et des mouvements de protestations se multiplient pendant cette période, notamment dans l’est de l’Ukraine.

L’Ukraine souffre aussi du renchérissement des importations de pétrole qui lui sont livrées par la Russie et des conflits qui parasitent les réformes et l’action politique au début des années 1990.

En 1992 le déficit budgétaire ukrainien atteint un niveau record de 36 % du PIB. Le recours à la planche à billets et à une politique de subvention à l’industrie n’arrange en rien une situation déjà très complexe.

Signe du désordre économique massif qui règne alors dans le pays, l’inflation atteint un niveau record de 10 155% en 1993.

Ce n’est qu’à la fin des années 1990 que la situation économique commence à s’améliorer. À partir de l’an 2000, le PIB recommence à croître après des années ininterrompues de contraction depuis 1989.

Quelques questions à Boris Najman, économiste et maître de conférences au laboratoire d’économie de l’Université Paris-est Créteil

L’Ukraine est indépendance depuis seulement 30 ans, c’est assez jeune pour un État, est-ce qu’on peut dire que son indépendance est toujours en construction ? 

euradio · BORIS NAJMAN – l’Ukraine, une indépendance toujours en construction ?

Comment est-ce qu’on est passé en Ukraine d’une économie communiste à une économie de marché au moment de l’Indépendance et de la chute de l’URSS ? Est-ce que ça s’est fait brutalement ou au contraire par étapes ?

euradio · BORIS NAJMAN – Comment on passe d’une économie communiste à une économie de marché en 1991 ?
L’Ukraine et les oligarques

Même si elle se déroule plus tardivement et de façon plus mesurée qu’ailleurs, une vague de privatisations se met en place à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Comme en Russie une partie, des anciens fleurons économiques du pays vont bientôt se concentrer aux mains d’oligarques. En 1999, la retentissante arrestation aux États-Unis de l’ancien Premier ministre ukrainien Pavlo Lazarenko, accusé d’avoir détourné près de 200 millions de dollars lorsqu’il était à la tête du gouvernement, braque les projecteurs sur la collusion entre intérêts privés et politiques.

Décennie
1990
–
Ukraine
:
déjà
l’ombre
russe
?
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Décennie
1990
–
Ukraine
:
déjà
l’ombre
russe
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Quand l’Ukraine prend son indépendance en 1991 de nombreux contentieux existent entre Kyiv et Moscou.

Une des principales pommes de discorde concerne la question de la Crimée et le partage de la flotte de la mer Noire héritée de l’URSS. La Russie, mais aussi l’Ukraine, s’en disputent la propriété. Il faudra attendre 1997 pour qu’un partage soit validé : 83 % de la flotte revient à la Russie à qui est concédée la location d’une base.

La Crimée

La Crimée a une histoire particulière. Conquise par l’Empire russe en 1783, elle avait auparavant été grecque, puis partie de l’Empire turco-mongol avant de constituer un khanat vassalisé à l’Empire ottoman. 

Carte de la Crimée. Wikimedia Commons ©Maximilian Dörrbecker.

Après sa conquête, la région devient un lieu de villégiature très prisé de la famille impériale et de la noblesse et occupe une place particulière dans l’imaginaire russe.

Au début de l’URSS, elle est rattachée à la république soviétique de Russie avant d’être “offerte” à la RSS d’Ukraine en 1954 sur décision de Khroutchev, alors à la tête de l’URSS.

Si la population de Crimée est majoritairement russe, c’est dû aux déportations massives et décidées par Staline de 180 000 Tatars de la région vers le Kazakhstan  à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Au moment du référendum d’indépendance de décembre 1991 sa population se prononce pour l’indépendance ukrainienne mais avec un pourcentage bien plus limité que le reste de l’Ukraine.

Même si de nombreuses voix appellent à un retour de la Crimée en Russie au début des années 1990, le président russe de l’époque, Boris Eltsine, reconnaît la Crimée ukrainienne. La constitution ukrainienne de 1996 fait de la Crimée une république autonome.

Dans les différentes négociations entre Moscou et Kyiv à cette époque, la dette énergétique ukrainienne par rapport à la Russie est en permanence un levier important pour faire avancer les négociations.

Le Memorandum de Budapest

Lorsque l’Union soviétique s’effondre, des armes nucléaires sont réparties dans les quatre coins des anciennes républiques de l’Union : la Russie, le Belarus, l’Ukraine et le Kazakhstan.

Pour éviter la dispersion des armes nucléaires, les Occidentaux demandent leur rapatriement en Russie. L’Ukraine, d’abord réticente, y consent finalement, en contrepartie de garanties de sécurité.

C’est le Memorandum de Budapest dans lequel la Russie, les États-Unis et la Grande-Bretagne (rejoints plus tard par la France et la Chine) garantissent l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

Une question à Boris Najman, économiste et maître de conférences au laboratoire d’économie de l’Université Paris-est Créteil

C’est quoi le Memorandum de Budapest ?

euradio · BORIS NAJMAN – C’est quoi le Memorandum de Budapest ?

Archives de la Sonuma/RTBF – Élections législatives en Ukraine, Reportage en Crimée – 24 mars 2006

Une
démocratie
en
construction
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Une
démocratie
en
construction

Dès le début des années 1990 le débat politique en Ukraine s’intensifie. En 1994 le pays connaît d’ailleurs sa première alternance à la tête du pays avec l’élection d’un nouveau président, Léonid Koutchma.

Malgré la persistance de vieilles habitudes héritées du communisme et d’une démocratisation très imparfaite dans les premières années, la population ukrainienne fait preuve d’une grande vitalité dont témoignent les fréquentes poussées de fièvre que connaît le pays.

Un pays fracturé ?

Divisée entre russophones à l’Est et ukrainophone à l’Ouest, l’Ukraine a longtemps été présentée comme un pays très fragile, relativement désuni et voué à une probable dislocation.

 Cette crainte a pris davantage d’ampleur au début des années 1990 et la population des régions minières se révolte à plusieurs reprises.

Jusqu’au début des années 2000 l’Ukraine cherche également à développer une politique d’équilibre entre l’Est et l’Ouest.

Dans les années 2000, le pays connaît une première vague de protestations massives baptisée “L’Ukraine sans Koutchma” qui dénoncent notamment l’assassinat du journaliste Géorgui Gongadzé. Un ancien officier de la garde présidentielle fait des révélations qui impliquent le président et son entourage dans cette disparition. Cette vague de manifestations s’étend dans de nombreuses villes et secouent l’Ukraine pendant plusieurs mois.

Léonid Koutchma, qui, de plus en plus décrédibilisé en Occident, se tourne vers la Russie.

Photo : Andriy Makukha

Léonid Koutchma president.gov.ua ©Wikimedia Commons

Dans les archives de la Sonuma/RTBF

Border line : frontière Pologne / Ukraine – 28 avril 2004

Chapitre 4

Révolution Orange

2004
–
Les
enjeux
d’une
élection
particulière
?
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2004
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Les
enjeux
d’une
élection
particulière
?

À l’automne 2004, l’Ukraine se prépare à élire son nouveau président. Léonid Koutchma termine son deuxième mandat à la tête de l’Ukraine et ne peut plus se représenter. Pendant 10 ans, ce président a réussi à habilement défendre les intérêts de l’Ukraine face à la Russie. 

Des scandales et notamment le meurtre d’un journaliste ternissent cependant très largement son image à partir de 2001. Ses relations avec l’Occident se refroidissent en même temps qu’elles se réchauffent avec Moscou.

Vladimir Poutine craint une victoire de Iouchtchenko qui pourrait entraîner un virage occidental du pays et amorcer un rapprochement avec l’Ouest. Il s’engage de façon assez visible dans le campagne présidentielle ne cachant pas sa préférence pour Viktor Ianoukovitch. Il se rend d’ailleurs deux fois à Kyiv dans les semaines qui précèdent l’élection pour témoigner de ce soutien et propose notamment aux Ukrainiens des facilités de séjour en Russie.

Viktor Ianoukovitch donne des gages à Moscou en proposant d’introduire la double citoyenneté russe et ukrainienne, et à faire du russe la deuxième langue officielle en Ukraine.

Vladimir Poutine cherche aussi à éviter la répétition d’un scénario qui vient de se dérouler une année auparavant, en Géorgie, où la révolution des Roses a balayé le pouvoir qui tentait de se maintenir malgré le verdict des urnes.

Ianoukovitch versus Iouchtchenko

Alors que les élections se rapprochent, Léonid Koutchma apporte son soutien à son Premier ministre Viktor Ianoukovitch, originaire comme lui de l’Est ukrainien. Celui-ci soutient un rapprochement avec Moscou.

De l’autre côté, un autre candidat, Viktor Iouchtchenko, est en bonne position dans les sondages pour remporter cette élection. Ancien gouverneur de la banque centrale puis Premier ministre, il promeut pour sa part un rapprochement avec l’Union européenne et veut engager son pays dans une lutte contre la corruption.

Empoisonnement,
trucage
et
mobilisation
populaire
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Empoisonnement,
trucage
et
mobilisation
populaire

En septembre 2004, quelques semaines avant le 1er tour du scrutin, Viktor Iouchtchenko est hospitalisé d’urgence. Son visage est bientôt grêlé. La thèse d’un empoisonnement à la dioxine est privilégiée.

Cet empoisonnement crée un électrochoc dans la société ukrainienne mais également dans la communauté internationale. De nombreux regards se tournent vers Moscou que beaucoup accusent d’avoir monté cette opération.  

À la suite du premier tour, lors duquel les deux candidats sont au coude à coude, le Kremlin dépêche en Ukraine des conseillers qui tentent d’orienter le traitement médiatique de la campagne. L’opposition connaît aussi des difficultés à organiser sa campagne.

Les ingérences russes ont aussi pour résultat de crisper une partie de la population et de la société civile qui s’est largement développée depuis des années dans le pays. En filigrane se dessine aussi la résistance du régime russe qui voit se développer en Ukraine un régime démocratique qui pourrait donner certaines idées au pays.

Photo : Olexandr Novickyj

Dans les archives de la Sonuma/RTBF

Élections et fraudes en Ukraine : manifestation des Ukrainiens de Belgique – 25 novembre 2004

L’Ukraine
en
révolution
:
un
second
deuxième
tour
et
la
victoire
de
Iouchtchenko
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L’Ukraine
en
révolution
:
un
second
deuxième
tour
et
la
victoire
de
Iouchtchenko

Après le second tour de l’élection présidentielle, la commission électorale annonce la victoire de Viktor Ianoukovitch, candidat au pouvoir, lequel aurait recueilli 3 points de plus que le candidat de l’opposition Viktor Iouchtchenko. Un résultat immédiatement salué par le Kremlin.

La Révolution orange

Face à ce qui apparaît comme le résultat de fraudes manifestes, des dizaines de milliers d’Ukrainiens descendent spontanément dans les rues de Kyiv et d’autres villes du pays. De son côté, la municipalité de Kyiv annonce qu’elle ne reconnait pas les résultats.

La proclamation officielle des résultats n’y change rien et la Révolution orange prend progressivement de l’ampleur.

Face à la contestation soutenue par certains pays occidentaux, certaines institutions ukrainiennes commencent à montrer des signes de nervosité. La cour suprême décide dans ce contexte de suspendre la publication des résultats. Une médiation internationale se met en place autour des présidents polonais et lituanien.

Le pouvoir et les partisans de Ianoukovitch mettent en garde contre les risques de scission du pays. Un consensus est finalement obtenu sur l’organisation d’un second deuxième tour pour remplacer le deuxième tour frauduleux.

Iouchtchenko gagne ce « troisième » tour avec plus de 52 % des suffrages. Cependant, s’il obtient des scores considérables à l’Ouest du pays, sa légitimité est bien plus faible à l’Est où ses scores avoisinent par endroit les 10 %, notamment dans le Donbass.

Résultats du second deuxième tour de l’élection présidentielle ukrainienne (26/12/04) Sven Teschke

Photo : Tasnim News Agency, Erfah Kouchari

Dans les archives de la Sonuma/RTBF

Inspection des bureaux de vote en Ukraine – 26 décembre 2004.

Victoire de Viktor Iouchtchenko en Ukraine – 27 décembre 2004

De
2005
à
2010
–
Iouchtchenko,
un
mandat
chaotique
?
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De
2005
à
2010
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Iouchtchenko,
un
mandat
chaotique
?

Quand il est investi à la tête de l’Ukraine en 2005, Iouchtchenko suscite de grands espoirs, pourtant rapidement douchés.

Si les débuts sont prometteurs avec la revalorisation des salaires, des retraites, et la reprivatisation d’entreprises qui l’avaient été dans des conditions contestables, la dynamique s’enraye rapidement.

Les relations entre le président et l’autre égérie de la Révolution orange, Ioulia Tymochenko, devenue sa première ministre, se tendent et, au bout de quelques mois, le président s’entoure de figures de l’ancien système, ce qui écorne largement sa popularité.

Révolution orange, un bilan mitigé

Deux ans après la Révolution orange, et après des élections parlementaires, le président est même contraint d’appeler comme premier ministre son ancien adversaire de la Révolution orange, Viktor Ianoukovitch.

Ses efforts de rapprochement avec l’Union européenne et l’OTAN ne sont pas non plus couronnés de succès. En 2008, l’OTAN reconnaît la volonté de l’Ukraine de rejoindre l’alliance mais sans donner de perspective de date à Kyiv.

Sur le front de la politique mémorielle ce mandat est cependant utile, marqué par un travail autour du Holomodor, la famine du début des années 30 et ses 5 à 7 millions de morts longtemps passés sous silence.

Photo : Erfah Kouchari

Quelques questions à Ioulia Shukan, maîtresse de conférences en Études slaves à l’Université Paris-Nanterre

Lorsque la Révolution Orange éclate en 2004, on a souvent l’idée d’une confrontation entre l’Ouest et l’Est, entre partie ukrainienne et russophone du pays. Est-ce que c’est vraiment le cas ? 

euradio · IOULIA SHUKAN – Révolution orange , une confrontation Est/Ouest ?

Est-ce que la Révolution Orange a contribué à unir ou au contraire à polariser l’Ukraine ?

euradio · IOULIA SHUKAN – La Révolution Orange a contribué à unir ou au contraire à polariser l’Ukraine ?

Est-ce qu’on a vu arriver la Révolution Orange de 2004 ?

euradio · IOULIA SHUKAN – Est-ce qu’on a vu arriver la Révolution orange ?

Est-ce que la Révolution Orange, et l’expérience Iouchtchenko qui a suivi, peut être perçu comme un échec ?

euradio · IOULIA SHUKAN – La Révolution orange s’est-elle soldée par un échec ?

Le président Iouchtchenko a, pendant sa présidence, mené un travail important pour la reconnaissance du génocide ukrainien, l’Holodomor. Est-ce que cette reconnaissance a renforcé le sentiment national ukrainien ? 

euradio · IOULIA SHUKAN – Holodomor et reconnaissance du génocide par Iouchtchenko
Chapitre 5

Euromaïdan, Donbass et Crimée

Un
contexte
polarisé
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Un
contexte
polarisé

En 2010, Viktor Ianoukovitch gagne les élections présidentielles d’une courte tête face à Ioulia Timochenko.

Le vaincu de 2004 est investi à la tête de l’Ukraine. Se défendant d’être pro-russe, Viktor Ianoukovitch donne de nombreux gages à la Russie. Il promet notamment à Vladimir Poutine de défendre la langue russe en Ukraine.

En 2010, les troupes ukrainiennes et russes défilent ensemble sur la place rouge.

La même année, des accords signés à Kharkiv entre Kyiv et Moscou prolongent jusqu’en 2042 la location de la base navale de Sébastopol à la Russie. Une décision qui suscite de nombreux remous en Ukraine. Ces accords autorisent aussi les services secrets à collaborer.

En 2012, Viktor Ianoukovitch fait voter une loi donnant à la langue russe le statut de langue régionale, faisant du russe une langue d’État dans certaines régions d’Ukraine.

Moscou s’attaque aussi aux hommes d’affaires ukrainiens accusés d’être trop tournés vers l’Europe. Ce prisme russe s’accompagne également d’un autoritarisme du régime de plus en plus poussé. En 2011, à la suite d’un procès dont tout indique qu’il été fabriqué, Ioulia Timochenko, ancienne égérie de la Révolution orange est condamnée à 7 ans de prison. Un verdict qui a un certain retentissement à l’étranger, d’autant plus que l’Ukraine accueille, en 2012, l’Euro de football.

Ioulia Timochenko, ancienne égérie de la Révolution orange est condamnée en 2011 à 7 ans de prison – ©European People’s Party

Photo : Wikimedia Commons – Mstyslav Chernov

Le
rapprochement
avec
l’UE
met
Moscou
en
alerte
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Le
rapprochement
avec
l’UE
met
Moscou
en
alerte

Dès les années 1990, les relations entre l‘Union européenne et l’Ukraine font l’objet d’un cadre formel, avec notamment le développement d’un Accord de Partenariat et de Coopération signé en 1994 et entré en vigueur en 1998. Avec l’entrée en vigueur de sa politique de voisinage à partir de 2004, l’Union européenne propose progressivement à ses voisins – à commencer par l’Ukraine – des accords beaucoup plus ambitieux d’intégration économique et de coopération politique. Les négociations pour un tel Accord d’association commencent en 2007 et se poursuivent jusqu’en 2012.

Alors que l’accord doit être signé en novembre 2013, les mois qui précèdent sont de plus en plus marqués par les pressions de Moscou sur Kyiv pour l’empêcher de signer. À Kyiv, la classe politique se divise. 

La pression russe se faisant de plus en plus extrême, et à la suite d’une rencontre entre Viktor Ianoukovitch et Vladimir Poutine qui s’éternise jusqu’à 5 h du matin, le président ukrainien annonce, le 21 novembre 2013, que l’Ukraine renonce à signer l’accord.

Moscou propose une réduction du tarif de ses livraisons de gaz en compensation de cette annonce. L’opposition parlementaire crie au scandale.

Les débuts de Maïdan

Quasi immédiatement après la volte-face du pouvoir ukrainien concernant l’accord d’association, des dizaines de milliers d’Ukrainiens descendent dans les rues, à Kyiv mais aussi à Odessa, Lviv ou encore Dniepropetrovsk. Au centre de Kyiv, la place Maïdan reprend rapidement ses airs de Révolution orange.

Jour et nuit, des dizaines de milliers de manifestants se relaient pour paralyser l’activité des institutions de plus en plus décriées.

À l’Ouest, la mobilisation est également considérable et s’étend, alors qu’à l’Est du pays, la mobilisation reste bien plus modeste.

Quelques questions à Boris Najman, économiste et maître de conférences à l’Université Paris-est Créteil

En 2014, l’Ukraine signe avec l’Union européenne un accord d’association économique, qui lui permet notamment d’exporter plus facilement ses marchandises dans l’Union. De l’autre côté, en représailles à la résistance de l’Ukraine dans la guerre du Donbass, la Russie décide d’imposer des sanctions économiques fortes à l’encontre de l’Ukraine. Comment l’Ukraine fait face à ces transformations économiques en 2014 ?

euradio · BORIS NAJMAN – Accord d’association et transformations économiques en 2014

C’est quoi l’Euromaïdan ?

euradio · BORIS NAJMAN – C’est quoi Maïdan ?

Est-ce qu’on peut expliquer les mobilisations de Maïdan de 2013 par la trop forte influence économique de la Russie sur le pays ?

euradio · BORIS NAJMAN – Est-ce qu’on peut expliquer Maïdan par l’influence économique russe en Ukraine ?
22
février
–
130
morts
et
un
président
en
fuite
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22
février
–
130
morts
et
un
président
en
fuite

Les tentatives de la police et des forces spéciales pour disperser la mobilisation prend aussi le nom de Révolution de la dignité.

Le pouvoir tente différents moyens pour casser la contestation mais ne parvient pas à casser un mouvement devenu massif et populaire.

Archives de la Sonuma/RTBF – Révolution ukrainienne, le camp retranché des opposants – 05 février 2014

Archives de la Sonuma/RTBF – Kiev 2014, derrière les barricades et parmi les opposants – 21 février 2014

Fin février, la situation se tend de façon inquiétante et l’Europe dépêche des médiateurs à Kyiv, notamment les ministres des affaires étrangères allemand, français et polonais. Alors que la négociation suit son cours, des dizaines de manifestants sont tués par balles le 20 février.

Le 21 février un accord est finalement trouvé pour un partage du pouvoir, l’organisation de nouvelles élections présidentielles, une réforme constitutionnelle et une enquête sur les massacres qui viennent de se dérouler. Pourtant, face à l’effroi causé par l’ampleur des victimes les jours précédents le président Ianoukovitch, lâché de toutes parts, prend la fuite vers la Russie en voiture, alors que les garde-frontières empêchent son avion de décoller. Il ne reviendra jamais en Ukraine.

Quelques questions à Ioulia Shukan et Boris Najman

Quelles sont les différences entre la Révolution Orange de 2004 et les mobilisations nationales de Maïdan de 2013 ?

euradio · IOULIA SHUKAN – Quelles sont les différences entre la Révolution orange et Maïdan ?

C’est quoi le bilan de Maïdan finalement ? 

euradio · BORIS NAJMAN – Quel bilan peut-on faire de Maïdan ?

Toute la lumière a-t-elle été faite sur le bilan des victimes liées aux mouvements de Maïdan ? 

euradio · IOULIA SHUKAN – Toute la lumière a-t-elle été faite sur le bilan des victimes liées à Maïdan ?
Un pays en intérim

Le 24 février, l’Ukraine est en état de sidération. Le mouvement de Maïdan compte ses morts – près de 130 – et fait face à un vide du pouvoir après le départ de Ianoukovitch le 21 février.

Dans l’urgence la Rada vote la destitution du président et le président du parlement devient président par interim. Une nouvelle élection présidentielle est annoncée pour la fin mai.

Ioulia Timochenko, qui croupissait dans les prisons ukrainiennes depuis 2011 est libérée.

À la Rada les anciens supporteurs de Ianoukovitch votent quasi tous contre leur ancien héros.

Cet intérim commence cependant sur une grave fausse note. L’initiative du parlement qui vise à supprimer le statut de langue régionale à la langue russe crée un émoi considérable dans l’Est du pays et donne des arguments au Kremlin qui ne cesse de décrire les nouvelles autorités au pouvoir à Kyiv comme fascistes. Moscou considère le changement de pouvoir à Kyiv ni plus ni moins que comme un “coup d’État”.

Photo: Antanana

La
prise
de
la
Crimée
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La
prise
de
la
Crimée

La Crimée bénéficie depuis 1996 d’un statut particulier au sein de l’État ukrainien. Elle est la seule région à bénéficier du statut de “République autonome” qui assure à cette région particulière le respect de certaines spécificités, notamment la domination de la langue russe largement présente dans l’enseignement.

La région est également marquée par la présence des bases militaires dans la mer noire théoriquement louées par la Russie à l’Ukraine jusqu’à 2042.

Quelques jours seulement après la fuite du président Ianoukovitch, le 27 février, le parlement de Crimée dans le secret du huis-clos prend plusieurs décisions dont celle de révoquer le Premier ministre de Crimée au profit de Sergueï Axionov, partisan du rattachement de la péninsule avec la Russie et dont les résultats électoraux étaient pourtant jusque là très médiocre.

À peine nommé, il lance un appel au soutien de Vladimir Poutine. Des militaires russes prennent position autour des bâtiments stratégiques. Un référendum bâclé et organisé dans la précipitation “valide” le rattachement de la péninsule à la Russie qui vote à la hâte une loi pour permettre l’intégration de nouveaux territoires.

En quelques semaines, malgré des manifestations de criméens attachés à la présence ukrainienne (notamment les Tatars) et quelques barouds d’honneurs des militaires ukrainiens stationnés dans la zone, la Crimée est annexée par la Russie.

Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un territoire d’un pays souverain est annexé par un autre en Europe. 

La communauté internationale réagit mollement face à cette situation, tétanisée par la capacité de Vladimir Poutine à violer les règles internationales et ses propres engagements.

Une question à Ioulia Shukan, maîtresse de conférences en Études slaves à l’Université Paris-Nanterre

Est-ce que la Révolution de Maïdan a soudé la population ukrainienne ? On dit souvent que la Russie a gagné la Crimée, mais a perdu l’Ukraine après l’annexion.

euradio · IOULIA SHUKAN – Est-ce que la Révolution de Maïdan a soudé la population ukrainienne ?

Photo : Anton Holoborodko

Troubles
puis
guerre
du
Donbass
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Troubles
puis
guerre
du
Donbass

Alors que l’Ukraine est encore sous le choc de l’annexion de la Crimée, une agitation séparatiste commence à se faire entendre dans le Donbass, région orientale du pays inquiète du changement de pouvoir à Kyiv et des menaces qui semblent peser sur le statut de la langue russe.

Des manifestations commencent à éclater début avril. Des activistes remplacent les symboles ukrainiens par des symboles russes ou séparatistes et prennent le contrôle de certaines des institutions.

Leurs initiatives sont loin de rencontrer le même succès partout, comme à Kharkiv par exemple, où les pro-russes ne parviennent pas à garder durablement le contrôle de l’administration régionale qu’ils occupent un temps.

Une visite tardive du Premier ministre Iatseniouk semble parvenir à aplanir les tensions. Cependant quelques jours plus tard et avec le soutien  du Kremlin l’agitation reprend de plus belle et débouche sur de premiers affrontements armés.

Face à cette situation, les autorités ukrainiennes lancent le 13 avril une opération antiterroriste pour réinstaller l’ordre constitutionnel au Donbass.

Une armée peu préparée à la guerre

En 2014, l’armée ukrainienne est particulièrement mal préparée pour faire face à un conflit. Dans le contexte de difficultés économiques profondes, les effectifs de l’armée ukrainienne sont sabrés. De 500 000 hommes en 1991, le nombre de soldats n’est plus que de 180 000 hommes en 2005. Le service militaire est également suspendu en 2013.

C’est ainsi dans l’urgence, et alors que débute la guerre dans le Donbass, que les nouvelles autorités ukrainiennes doivent réorganiser la défense du pays.

La conscription est rétablie et la défense s’appuie sur des bataillons de volontaires qui se mettent en place rapidement et qui vont largement contribuer aux contre-offensives organisées par l’Ukraine pour s’opposer aux assauts des séparatistes appuyés par la Russie.

La guerre va dans les premiers mois se concentrer autour de l’aéroport de Donetsk, bientôt totalement détruit. 

De très violents combats se concentrent autour des villes de Sloviank, d’Illovaïsk (été 2014) et plus tard de Debaltseve (février 2015). Entre 2014 et 2022, la guerre du Donbass a causé la mort de plus de 13 000 personnes, dont plus de 3 000 civils selon l’ONU.

Évolution des territoires séparatistes dans le Donbass, à l’est du pays. GNU Free Documentation License. Auteur : Narayanese
Le drames de la Malaysia airlines et d’Odessa

Deux drames viennent encore aggraver la tragédie qui se déroule à partir d’avril 2014.

En mai, alors que la tension est vive à Odessa entre séparatistes pro-russes et soutiens de Maïdan, un incendie se déclare dans la maison des syndicats, un bâtiment utilisé comme QG par les séparatistes. 42 militants pro-russes perdent la vie.

Le 17 juillet 2014, une nouvelle catastrophe provoque une onde de choc mondiale : un avion de la Malaysia airlines est abattu alors qu’il effectuait la liaison entre les Pays-bas et la Malaisie. Le drame provoque la mort des 300 passagers et, malgré les démentis russes et séparatistes, il apparaît rapidement que cette tragédie est due à une erreur de tir des séparatistes équipés d’armes fournies par la Russie.

Accords de Minsk I et II

Face à l’aggravation du conflit en Ukraine, Occidentaux et Russes se résignent à lancer des négociations.. De premiers pourparlers ont lieu à Minsk sous l’égide de l’OSCE, l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

Un premier protocole est signé le 5 septembre 2014. Il vise notamment à assurer un cessez-le-feu immédiat, à assurer la surveillance et la vérification du cessez-le-feu, à assurer une décentralisation et à assurer une surveillance de la frontière par l’OSCE. Cet accord vole cependant très vite en éclats.

À la suite de cet échec de nouveaux pourparlers ont lieu entre les chefs d’États ukrainien, russe, allemand et français dans le cadre du « format Normandie ». Un cessez-le-feu est théoriquement prévu pour 15 mois et assorti de nombreuses décisions, dont la restauration des frontières de l’Ukraine. Comme le précédent, cet accord ne sera qu’en partie respecté, chacune des parties s’accusant de le violer.

Quelques questions à Ioulia Shukan, maîtresse de conférences en Études slaves à l’Université Paris-Nanterre

Est-ce que la région du Donbass a vraiment été négligée par Kyiv après l’Indépendance ? Une région qui a pourtant massivement voté pour l’Indépendance en 1991. 

euradio · IOULIA SHUKAN – Le Donbass, région négligée par Kiev ?

Les troubles de 2014 débouchent sur une véritable guerre dans le Donbass, est-ce que l’armée ukrainienne était vraiment mal préparée pour y faire face ?

euradio · IOULIA SHUKAN – Est-ce que l’armée ukrainienne était mal préparée ?

Cette guerre a profondément bouleversé le pays, le reste des régions ukrainiennes a d’ailleurs accueilli de nombreux réfugiés du Donbass. Comment s’est organisé l‘accueil des réfugiés du Donbass dans un pays pourtant profondément marqué par les difficultés économiques ? 

euradio · IOULIA SHUKAN – Accueil des réfugiés du Donbass

Comment caractériser la situation politique qui s’installe en 2014 dans le Donbass ? Après que les séparatistes aient pris le contrôle d’une partie de la région et installés deux républiques séparatistes sur place. 

euradio · IOULIA SHUKAN – Quelle situation politique s’installe en 2014 après Maïdan ?

Photo : ВО «Свобода»

De
2014
à
2019
–
Le
difficile
relèvement
du
pays
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De
2014
à
2019
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Le
difficile
relèvement
du
pays

Malgré un contexte particulièrement compliqué, juste après la prise de la Crimée et alors que la guerre dans le Donbass fait rage, les autorités ukrainiennes transitoires parviennent à organiser des élections transparentes.

Petro Porochenko, un riche homme d’affaires qui a travaillé dans l’entourage de Iouchtchenko, est élu dès le 1er tour.

Aux élections législatives qui suivent les partis favorables à Maïdan obtiennent une majorité tandis qu’aucun des partis d’extrême droite que pointent régulièrement du doigt Moscou ne dépasse la barre des 5%.

À peine installé le nouveau régime signe l’accord d’association que Ianoukovitch avait finalement refusé de signer et développe de nouvelles législations particulièrement mal perçues en Russie, notamment une loi sur la décommunisation et sur la généralisation de l’usage de la langue ukrainienne.

Il parvient également à obtenir l’autonomie de l’Église Ukrainienne orthodoxe face à celle de Moscou au cours d’un processus qui suscite de nombreuses crispations à Moscou.

Les Ukrainiens, qui doivent faire face à une situation économique particulièrement difficile dans les mois et années qui suivent Maïdan, reprocheront cependant à Petro Porochenko des efforts trop ténus dans la lutte contre la corruption, en s’alliant notamment avec des oligarques.

Les réfugiés

La guerre en 2014 va largement bousculer les équilibres démographiques dans l’Est de l’Ukraine. 

Dans le contexte d’une guerre et de destructions multiples, près de 1,4 million de personnes vont être contraints de fuir leurs habitations.

Un grande partie d’entre eux se sont réfugiés dans d’autres régions du territoire ukrainien tandis que d’autres ont trouvé refuge en Russie.

Quelques questions à Boris Najman

Quel bilan peut-on faire de la présidence Porochenko ?

euradio · BORIS NAJMAN – Quel bilan peut-on faire de la présidence Porochenko ?

Les sanctions prises en 2014 contre la Russie étaient-elles suffisantes ?

euradio · BORIS NAJMAN – Les sanctions prises en 2014 contre la Russie étaient-elles suffisantes ?

Photo : Bevæpnet og maskert soldat i Slovjansk Av Jevgen Nasadjuk. 

Lisens: CC BY SA 3.0

chapitre 6

L'élection de Zelensky et l'Ukraine en guerre

2019
–
Élection
de
Zelensky
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2019
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Élection
de
Zelensky

Fatigués par 5 ans marqués par la guerre dans le Donbass, les électeurs ukrainiens vont faire un choix audacieux pour l’élection qui se joue en 2019. Un outsider bien connu des Ukrainiens, un humoriste qui a notamment joué le rôle du président dans une série à succès intitulée : Serviteur du peuple.

Malgré son inexpérience politique, Volodymyr Zelensky, issu d’une famille juive russophone de Kryvy Rih (au centre de l’Ukraine), est élu président avec 73,2 % des voix. C’est le président le mieux élu de toute l’histoire de l’Ukraine. 

Les Ukrainiens le créditent notamment de sa volonté de mettre fin à la guerre dans l’Est du pays. Quelques semaines plus tard, après avoir dissous le Parlement (la Rada), il obtient une majorité inédite dans l’histoire ukrainienne.

Malgré des réformes importantes, comme la limitation de l’immunité parlementaire, la création du bureau d’enquête publique ou encore la mise en route de la Cour spéciale anticorruption … la présidence Zelensky s’essouffle et certaines institutions comme la cour constitutionnelle freinent certaines réformes dont une série de mesures anti-corruption. 

Beaucoup dénoncent aussi le retour d’anciennes figures impopulaires et sur lesquelles planent des soupçons de corruption dans l’entourage de Zelensky.

Portrait officiel de Volodymir Zelensky, président élu avec 73,2% des voix en 2019. Photo : https://www.president.gov.ua/en/president/biografiya.

Régis Genté, correspondant de RFI et du Figaro à Tbilissi nous parle de son livre « Volodymyr Zelensky. Dans la tête d’un héros »

euradio · L’Ukraine – Géopolis

Photo : https://www.president.gov.ua/en/president/biografiya

Les
alertes
américaines
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Les
alertes
américaines

À partir du mois de novembre 2021 les services de renseignement américain commencent à s’inquiéter et à alerter l’Ukraine au sujet du déploiement massif de soldats russes aux frontières entre la Russie et l’Ukraine mais également à la frontière entre le Bélarus et l’Ukraine.

Bien que massive, cette opération va être présentée, pendant des mois, comme un simple exercice de l’armée russe. 

Le pouvoir ukrainien se montre très sceptique face aux alertes des services de renseignement américains qui, dès fin janvier, demandent à leurs ressortissants de quitter l’Ukraine.

Le président ukrainien et son gouvernement ne cachent pas leur agacement devant la panique des Occidentaux en rappelant qu’ils connaissent la guerre depuis 8 ans et qu’ils sont habitués aux poussées de fièvre. 

Loin d’imaginer une guerre d’ampleur sur l’ensemble du territoire ukrainien, ceux-ci craignent plutôt une opération dans le Donbass.

Vladimir Poutine et Joe Biden en visioconférence le 7 décembre 2021. photo : Kremlin.ru

Les services secrets européens doutent également face aux mises en garde de leurs homologues américains et peinent à imaginer que le Kremlin n’engage une invasion dans un pays plus grand que la France.

Même avec la mobilisation d’unités de garde territoriales et l’intensification d’entraînements de l’armée russe à la frontière, c’est une énorme surprise et une immense onde de choc que provoque, dans l’ensemble de la population ukrainienne, l’invasion russe du 24 février.

Quelques questions à Anaïs Marin, chercheuse en Relations Internationales à l’Université de Varsovie

Est-ce que l’implication du Belarus dans la guerre en Ukraine est étonnante ?

euradio · ANAÏS MARIN – Est-ce que l’implication du Belarus dans la guerre est étonnante ?

Est-ce qu’il existe une défiance de la population du Belarus à l’égard de Moscou ?

euradio · ANAÏS MARIN – Est-ce qu’il existe une défiance de la population du Belarus envers la Russie ?

L’Ukraine avant l’invasion, avec Sébastien Gobert et Camille Cerise Gessant

euradio · L’Ukraine avec Sébastien Gobert et Camille Cerise Gessant (part 1) – La table des correspondants
euradio · L’Ukraine avec Sébastien Gobert et Camille Cerise Gessant(part 2) – La table des correspondants

Photo : Gage Skidmore

La
première
phase
de
l’invasion
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La
première
phase
de
l’invasion

Le 24 février, après des mois de tensions, de mouvements de troupes aux frontières de l’Ukraine et une escalade du discours russe, les premières explosions retentissent à Kyiv. 

Cette invasion a été précédée d’un discours particulièrement agressif du président russe qui n’a cessé de mettre en avant la nécessité de chasser la ”junte”et les nazis qui auraient pris le pouvoir à Kyiv.

Malgré l’absence totale de fondements le président russe met aussi en avant la nécessité d’empêcher un “génocide” en Ukraine auprès des populations russophones qui seraient, d’après la Russie, persécutées.

Suscitant chez certains observateurs des interrogations sur son état mental, Vladimir Poutine va même jusqu’à affirmer que l’Ukraine chercherait à se doter de l’arme nucléaire et à attaquer la Russie. Vladimir Poutine dénonce aussi la volonté de l’Ukraine de rejoindre l’OTAN même si la perspective d’une adhésion de Kyiv à l’organisation atlantique a été repoussée sine die lors d’un sommet de l’alliance atlantique, en 2008.

Dans les premiers jours de l’offensive, l’armée russe vise notamment la prise de la capitale ukrainienne et un immense convoi s’étire sur une soixantaine de kilomètres au nord de la ville. Parallèlement les armées russes visent l’Est et le sud du pays. L’offensive sur Kyiv se heurte à une résistance inattendue tandis que la situation est plus compliquée à l’Est et au sud où des villes comme Melitopol et Kherson tombent sous le contrôle russe.

Sévèrement bombardée, la ville de Kharkiv, deuxième ville du pays, résiste aux offensives russes.

Fin avril, alors que leur offensive marque le pas, les armées russes se retirent des régions de Kyiv et de Kharkiv pour se concentrer sur leur offensive dans le Donbass.

Vendredi 11 mars 2022, l’Ukraine sous les bombes. Alexander Ermochenko/Reuters https://www.nytimes.com/article/russia-invades-ukraine-photos.html

Quelques questions à Boris Najman et Éric David, professeur émérite de droit international public à l’ULB

 Est-ce qu’au regard du droit international, le non respect des accords de Minsk est une raison valable pour justifier une agression armée ? 

euradio · ERIC DAVID – Non respect des accords de Minsk, raison valable pour justifier une agression armée ?

Est-ce que la Cour Pénale Internationale est compétente pour les crimes qui se produisent en ce moment dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ?

euradio · ERIC DAVID – La Cour Pénale Internationale est-elle compétente ?

Et la Cour de Justice Internationale ?

euradio · ERIC DAVID – La Cour Internationale de Justice est-elle compétente ?

Est-ce qu’on peut parler de génocide ?

euradio · ERIC DAVID – Est-ce qu’on peut parler de génocide ?

Est-ce qu’on pourra un jour juger Poutine ?

euradio · ERIC DAVID – Est-ce qu’on pourra un jour juger Poutine ?

Est-ce qu’on peut imaginer un changement des règles de droit international pour prévenir une invasion similaire dans le futur ?

euradio · ERIC DAVID – Le droit Internationale est-il voué à changer ?

La guerre en Ukraine peut-elle remettre en question le Conseil de Sécurité de l’ONU ?

euradio · ERIC DAVID – La guerre en Ukraine peut-elle remettre en question le Conseil de sécurité de l’ONU ?

Quelles sanctions sont efficaces ? 

euradio · BORIS NAJMAN – Quelles sanctions sont efficaces ?

Est-ce que la position de l’Allemagne ou de l’Italie sur l’importation de gaz russe est justifiée ?

euradio · BORIS NAJMAN – Est-ce que la position de l’Allemagne et de l’Italie sur le gaz russe est justifiée ?

Est-ce que la guerre va durer ?

euradio · BORIS NAJMAN – La guerre est-elle vouée à durer ?

Photo : Laurent Van der Stockt

Geopolis / Euradio 2022 - FWB cellule Démocratie ou barbarie

Vidéos

RUPTURE – Géopolis décrypte l’actu : 30 ans d’Indépendance

Pour aller plus loin …

la Sonuma vous propose un dossier qui revient en images sur les principaux moments marquants de l’histoire récente ukrainienne, de la catastrophe de Tchernobyl à l’indépendance en 1991 en passant par la révolution orange de 2004 et celle de Maïdan en 2013. 

Sons par thème

Anaïs Marin, chercheuse en Relations Internationales à l’Université de Varsovie et chercheuse associée à Chatham House dans le programme Russie Eurasie. Anaïs Marin est notamment experte du Belarus et habite en Pologne, à Varsovie, où elle suit d’ailleurs de très près l’arrivée des réfugiés ukrainiens en Europe. 

Éric David, professeur émérite de droit international public à l’Université libre de Bruxelles, où il enseigne, depuis 1973 le droit international public et notamment le droit des conflits armés. Éric David a publié de nombreux articles et ouvrages, dont le plus connu est « Principes de droit des conflits armés » primé en 1994 et réédité 5 fois. Éric David a également présidé, en 1996, la Commission consultative de droit international humanitaire de la Croix rouge en Belgique. 

Ioulia Shukan, maîtresse de conférences en Études slaves à l’Université Paris-Nanterre et rédactrice en chef de la Revue d’études comparatives Est-Ouest. Spécialiste de l’Ukraine, Ioulia Shukan a notamment travaillé sur la sociologie de l’engagement et des mobilisations collectives pendant les révolutions successives qu’à connu l’Ukraine. Elle est également l’auteure de l’ouvrage Génération Maïdan. Vivre la crise ukrainienne, paru aux éditions Les Éditions de l’Aube en 2016.

Boris Najman, économiste et maître de conférences au laboratoire d’économie de l’Université Paris-est Créteil. Conseiller du gouvernement ukrainien dans les années 1990, Boris Najman a écrit ou co-écrit de nombreux articles, que ce soit sur le marché du travail en Russie ou encore sur les liens existant entre la droite française et Poutine.

Alexandra Goujon, politiste et spécialiste de l’Ukraine et de la Biélorussie. Maîtresse de conférences en science politique à l’Université de Bourgogne, et sur le campus de Sciences Po Paris à Dijon. Autrice de l’ouvrage L’Ukraine, de l’Indépendance à la guerre publié aux éditions cavalier bleu.

Thierry Piel, Historien et maître de conférences à l’Université de Nantes. Spécialiste de décryptage d’images d’archives.

Sébastien Gobert, Journaliste correspondant en Ukraine pendant 10 ans, chef de la rubrique international de la Libre Belgique.

Camille-Cerise Gessant, rédactrice en chef adjointe d’Agence Europe.


L’UKRAINE AVANT LE XXÈME SIÈCLE

Ukraine, berceau de la Russie ? (Thierry Piel).

euradio · THIERRY PIEL – Ukraine, berceau de la Russie ?

Ukraine, colonie de la Russie ? (Thierry Piel).

euradio · THIERRY PIEL – Ukraine, une colonie de la Russie ?

L’Ukraine est-elle une construction de la Russie ? (Thierry Piel).

euradio · THIERRY PIEL – L’Ukraine est-elle une construction de la Russie ?

C’est quoi les cosaques ? (Thierry Piel).

euradio · THIERRY PIEL – C’est quoi les cosaques ?

Quel héritage les cosaques ont-ils laissé dans l’Histoire ? (Alexandra Goujon).

euradio · ALEXANDRA GOUJON – Quel héritage les cosaques ont-ils laissé dans l’Histoire ?

Existe t-il des travaux communs entre historiens russes et ukrainiens ? (Alexandra Goujon).

euradio · ALEXANDRA GOUJON – Existe t-il des travaux communs entre historiens russes et ukrainiens ?

C’est quoi la Rus de Kyiv ? (Thierry Piel)

euradio · THIERRY PIEL – C’est quoi la Rus de Kyiv ?

Le réveil national ukrainien du XIXème siècle a t’il été étouffé par l’Empire russe ? (Thierry Piel).

euradio · THIERRY PIEL – Le réveil national ukrainien du XIXème siècle a t’il été étouffé par l’Empire russe ?



1917 – PREMIÈRE INDÉPENDANCE

Pourquoi la première Indépendance de 1917 n’a pas fonctionné en Ukraine ? (Thierry Piel).

euradio · THIERRY PIEL – Pourquoi la première Indépendance de 1917 n’a pas marché ?

Pourquoi la première Indépendance de 1917 n’a pas fonctionné en Ukraine ? (Alexandra Goujon).

euradio · ALEXANDRA GOUJON – Pourquoi la première Indépendance de 1917 n’a pas marché ?

1933 – HOLODOMOR

C’est quoi le Holodomor ? (Alexandra Goujon).

euradio · ALEXANDRA GOUJON – C’est quoi le Holodomor ?

Le président Iouchtchenko a, pendant sa présidence, mené un travail important pour la reconnaissance du génocide ukrainien, l’Holodomor. Est-ce que cette reconnaissance a renforcé le sentiment national ukrainien ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Holodomor et reconnaissance du génocide par Iouchtchenko

SECONDE GUERRE MONDIALE

XXème siècle, siècle de catastrophes en Ukraine ? (Thierry Piel).

euradio · THIERRY PIEL – XXème siècle, siècle de catastrophes en Ukraine ?

L’Ukraine et la Seconde Guerre mondiale (Alexandra Goujon).

euradio · ALEXANDRA GOUJON – L’Ukraine et la Seconde Guerre mondiale

1991 – INDÉPENDANCE

L’Ukraine est indépendance depuis seulement 30 ans, c’est assez jeune pour un État, est-ce qu’on peut dire que son indépendance est toujours en construction ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – l’Ukraine, une indépendance toujours en construction ?

Comment est-ce qu’on est passé en Ukraine d’une économie communiste à une économie de marché au moment de l’Indépendance et de la chute de l’URSS ? Est-ce que ça s’est fait brutalement ou au contraire par étapes ? (Boris Najman.)

euradio · BORIS NAJMAN – Comment on passe d’une économie communiste à une économie de marché en 1991 ?

C’est quoi le Mémorandum de Budapest ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – C’est quoi le Memorandum de Budapest ?

2004 – RÉVOLUTION ORANGE

Lorsque la Révolution Orange éclate en 2004, on a souvent l’idée d’une confrontation entre l’Ouest et l’Est, entre partie ukrainienne et russophone du pays. Est-ce que c’est vraiment le cas ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Révolution orange , une confrontation Est/Ouest ?

Est-ce que la Révolution Orange a contribué à unir ou au contraire à polariser l’Ukraine ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – La Révolution Orange a contribué à unir ou au contraire à polariser l’Ukraine ?

Est-ce qu’on a vu arriver la Révolution Orange de 2004 ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Est-ce qu’on a vu arriver la Révolution orange ?

Est-ce que la Révolution Orange, et l’expérience Iouchtchenko qui a suivi, peut être perçu comme un échec ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – La Révolution orange s’est-elle soldée par un échec ?

2013 – EUROMAÏDAN

C’est quoi l’Euromaïdan ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – C’est quoi Maïdan ?

Est-ce qu’on peut expliquer les mobilisations de Maïdan de 2013 par la trop forte influence économique de la Russie sur le pays ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – Est-ce qu’on peut expliquer Maïdan par l’influence économique russe en Ukraine ?

Comment a évolué le sentiment « pro-européen » en Ukraine depuis l’Indépendance du pays ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Comment a évolué le sentiment « pro-européen » en Ukraine ?

Quelles sont les différences entre la Révolution Orange de 2004 et les mobilisations nationales de Maïdan de 2013 ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Quelles sont les différences entre la Révolution orange et Maïdan ?

Toute la lumière a-t-elle été faite sur le bilan des victimes liées aux mouvements de Maïdan ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Toute la lumière a-t-elle été faite sur le bilan des victimes liées à Maïdan ?

Est-ce que les sanctions économiques prises par l’Union européenne à l’encontre de la Russie en 2014 étaient suffisantes ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – Les sanctions prises en 2014 contre la Russie étaient-elles suffisantes ?

C’est quoi le bilan de Maïdan finalement ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – Quel bilan peut-on faire de Maïdan ?

2014 – ANNEXION DE LA CRIMÉE

C’est quoi la Crimée ? (Thierry Piel).

euradio · THIERRY PIEL – C’est quoi la Crimée ?

Est-ce que la Révolution de Maïdan a soudé la population ukrainienne ? On dit souvent que la Russie a gagné la Crimée, mais a perdu l’Ukraine après l’annexion. (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Est-ce que la Révolution de Maïdan a soudé la population ukrainienne ?

2014 – DONBASS

Est-ce que la région du Donbass a vraiment été négligée par Kyiv après l’Indépendance ? Une région qui a pourtant massivement voté pour l’Indépendance en 1991. (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Le Donbass, région négligée par Kiev ?

Les troubles de 2014 débouchent sur une véritable guerre dans le Donbass, est-ce que l’armée ukrainienne était vraiment mal préparée pour y faire face ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Est-ce que l’armée ukrainienne était mal préparée ?

Cette guerre a profondément bouleversé le pays, le reste des régions ukrainiennes a d’ailleurs accueilli de nombreux réfugiés du Donbass. Comment s’est organisé l‘accueil des réfugiés du Donbass dans un pays pourtant profondément marqué par les difficultés économiques ? (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Accueil des réfugiés du Donbass

Comment caractériser la situation politique qui s’installe en 2014 dans le Donbass ? Après que les séparatistes aient pris le contrôle d’une partie de la région et installés deux républiques séparatistes sur place. (Ioulia Shukan).

euradio · IOULIA SHUKAN – Quelle situation politique s’installe en 2014 après Maïdan ?

En 2014, l’Ukraine signe avec l’Union européenne un accord d’association économique, qui lui permet notamment d’exporter plus facilement ses marchandises dans l’Union. De l’autre côté, en représailles à la résistance de l’Ukraine dans la guerre du Donbass, la Russie décide d’imposer des sanctions économiques fortes à l’encontre de l’Ukraine. Comment l’Ukraine fait face à ces transformations économiques en 2014 ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – Accord d’association et transformations économiques en 2014

Quel bilan peut-on faire de la présidence Porochenko ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – Quel bilan peut-on faire de la présidence Porochenko ?

2022 – INVASION RUSSE EN UKRAINE

L’une des justifications apportées par les forces armées russes pour justifier l’invasion en Ukraine c’est celle du non respect des accords de Minsk, signé en 2014 et 2015. On le rappelle, ces accords comprenaient une série d’engagement que l’Ukraine n’auraient pas tenues, comme un cessez le feu immédiat dans le Donbass, le retrait des armes lourdes et la rétractation de l’Ukraine de toutes les formations armées étrangères, comme l’OTAN par exemple. Est-ce qu’au regard du droit international, le non respect des accords de Minsk est une raison valable pour justifier une agression armée ? (Éric David).

euradio · ERIC DAVID – Non respect des accords de Minsk, raison valable pour justifier une agression armée ?

La Russie et l’Ukraine ne sont pas partie au Statut de Rome, le statut qui donne compétence à la Cour Pénale Internationale pour enquêter sur les crimes de guerre et juger les responsables. Est-ce que la Cour Pénale Internationale est alors compétente pour les crimes qui se produisent en ce moment dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? (Éric David).

euradio · ERIC DAVID – La Cour Pénale Internationale est-elle compétente ?

Et la Cour Internationale de Justice dans tout ça ? Est-ce qu’elle est compétente ? (Éric David).

euradio · ERIC DAVID – La Cour Internationale de Justice est-elle compétente ?

Le terme de génocide est assez controversé en droit international. Est-ce qu’on pourrait utiliser ce terme pour qualifier les crimes commis en Ukraine depuis le 24 février dernier ? (Éric David).

euradio · ERIC DAVID – Est-ce qu’on peut parler de génocide ?

Est-ce qu’on pourra un jour juger Poutine ? (Éric David).

euradio · ERIC DAVID – Est-ce qu’on pourra un jour juger Poutine ?

Le Belarus est associé à la guerre en Ukraine depuis les premières heures de l’invasion russe en Ukraine. Le pays est pourtant théoriquement neutre même s’il est très proche de Moscou. Comment se traduit l’implication du Bélarus ? Est-ce que c’est un simple droit de passage ou davantage ? (Anaïs Marin).

euradio · ANAÏS MARIN – Est-ce que l’implication du Belarus dans la guerre est étonnante ?

Est-ce qu’il y a une défiance de la population du Bélarus à l’égard de la Russie depuis le début du conflit ? (Anaïs Marin).

euradio · ANAÏS MARIN – Est-ce qu’il existe une défiance de la population du Belarus envers la Russie ?

On sait que le droit international est en constante évolution, et se forme à travers les crises. Est-ce qu’on peut imaginer un changement des règles de droit international pour prévenir une invasion similaire dans le futur ? (Éric David).

euradio · ERIC DAVID – Le droit Internationale est-il voué à changer ?

Est-ce qu’une telle crise peut remettre en question l’existence du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui on le rappelle, octroie depuis 1945 le droit de Véto, donc de blocage de toute éventuelle prise de décision, aux cinq pays sortis victorieux de la Seconde Guerre Mondiale : Les USA, La Chine, la Russie, le Royaume Uni et la France ? (Éric David).

euradio · ERIC DAVID – La guerre en Ukraine peut-elle remettre en question le Conseil de sécurité de l’ONU ?

Quelles sanctions sont efficaces ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – Quelles sanctions sont efficaces ?

Est-ce que la position de l’Allemagne ou de l’Italie sur l’importation de gaz russe est justifiée ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – Est-ce que la position de l’Allemagne et de l’Italie sur le gaz russe est justifiée ?

L’Histoire de l’Ukraine a t’elle été manipulée par les russes ? (Thierry Piel).

euradio · THIERRY PIEL – L’Histoire de l’Ukraine a t’elle été manipulée par les russes ?

Est-ce que la guerre va durer ? (Boris Najman).

euradio · BORIS NAJMAN – La guerre est-elle vouée à durer ?

Cartes

Proportion d’habitants de langue maternelle ukrainienne lors du recensement de 2001 Semoziade
Évolution des frontières de l’Ukraine au XXème siècle – Wikimedia Commons.
Résultats du second tour de l’élection présidentielle ukrainienne (26/12/04) Sven Teschke
Eric Gaba – Wikimedia Commons user: Sting

Chronologie

Quelques dates de l’histoire ukrainienne

IXème siècle – Fondation de l’Etat de Kyiv qui perdurera jusqu’au XIIIème siècle. 

1238-1240 – La région de Kyiv est ruinée par les dévastations de la conquête mongole. 

1350 à 1360 – Une partie du territoire, au sud, est annexée par le grand duché de Lituanie. Dans le même temps, la Galicie-Volhynie est conquise par la Pologne. 

XVIème siècle – Développement des Cosaques, populations semi-nomades qui s’installent en communautés militaires indépendantes dans la région du Dniepr. 

1667 – Traité d’Androussovo qui partage l’Ukraine entre la Pologne et la Russie. 

1795 – Suite au partage de la Pologne, une partie de l’Ukraine est annexée à l’est par l’Empire russe. La Galicie, la Bucovine et l’Ukraine Subcarpartique sont annexées par l’Empire autrichien. 

XIXème siècle – L’Ukraine connaît un développement remarquable de la culture du blé (que l’Empire russe exporte par les ports qu’il a fondés sur la mer Noire) et de la betterave à sucre. L’Ukraine connaît également dans la seconde moitié du siècle un essor rapide de l’extraction minière et de l’industrie métallurgique à partir de 1870. 

Au cours du XIXème l’Ukraine voit également un essor d’une conscience nationale. L’intelligentsia ukrainienne entreprend l’étude du folklore, du langage populaire et de l’histoire du pays. 

17 mars 1917 – Après la chute de l’Empire russe une rada (Parlement) est créée à Kyiv. Elle déclare l’autonomie de l’Ukraine.

24 décembre 1917 – Les bolcheviks, qui ne sont solidement implantés que dans les villes industrielles de l’Est et du Sud, proclament à Kharkiv la « République soviétique d’Ukraine ». La Rada riposte en déclarant l’indépendance de l’Ukraine le 9 janvier 1918, mais les troupes bolcheviks occupent toutes les grandes villes du pays en janvier-février 1918 et l’obligent à se réfugier à Jitomir. Dans ce contexte politique très disputé le pays connaît une famine.

26 janvier 1918 – La Rada envoie une délégation à Brest-Litovsk, qui signe une paix séparée avec l’Allemagne. Les Allemands occupent l’Ukraine en avril 1918 et, après y avoir dissous la Rada, mettent en place un régime à leur solde. La défaite de l’Allemagne entraîne la chute de ce régime et permet le rétablissement à Kyiv d’un gouvernement indépendant ukrainien présidé par Petlioura. À la même époque est proclamée à Lviv la République d’Ukraine occidentale, qui affirme son union au reste de l’Ukraine. Son territoire sera occupé en juillet 1919 par les troupes polonaises. La Bucovine du Nord est de son côté annexée en novembre 1918 par la Roumanie. 

Durant les années 1919-1920, l’Ukraine orientale est le théâtre d’âpres combats entre les forces de Denikine, soutenues par l’Entente, l’Armée rouge, les forces nationales ukrainiennes, les bandes anarchistes de Makhno, les troupes polonaises, qui l’envahissent en mai 1920, et l’armée Wrangel, refoulée des régions méridionales et de la Crimée par les bolcheviks en octobre-novembre 1920.

Mars 1918 – Les Allemands occupent une partie du pays jusqu’en 1919, avant la reprise de la région par les Bolcheviks. 

1922 – Le 30 décembre 1922, l’URSS est fondée, réunissant les Républiques socialistes soviétiques de Russie, la Biélorussie, d’Ukraine et de Transcaucasie. L’Ukraine devient un des centres industriels de l’Union soviétique. 

Années 1920 – Jusqu’au début des années 1930, les dirigeants bolcheviks  mettent en œuvre une politique d’« ukrainisation ». Cette politique repose notamment sur l’usage officiel de la langue ukrainienne dans l’enseignement et dans l’administration.

1933 – La deuxième famine ukrainienne, le Holodomor, délibérément organisée par Staline, entraîne, en 1932-1933, plusieurs millions de morts en Ukraine.

1937/1938 – Grandes Purges, le régime stalinien procède à des assassinats de masse et à de nombreuses déportations vers le Goulag. Des dizaines de milliers d’Ukrainiens sont tués sous le régime stalinien. Seconde Guerre mondiale : conformément aux clauses du pacte germano-soviétique (août 1939), l’URSS annexe les territoires polonais peuplés d’Ukrainiens, ainsi que de la Bucovine et la Besarabie (1940), réalisant ainsi le rassemblement de la quasi-totalité de la nation ukrainienne. L’Ukraine est soumise à partir de 1941 à un régime d’occupation nazie très dur, dont les armées soviétiques la libèrent en 1943-1944. Durant la guerre, elle perd 4 millions d’hommes. L’Ukraine subcarpatique lui est cédée en 1945 par la Tchécoslovaquie.

Après-guerre – Les années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale sont marquées par une vague d’épurations touchant les anciens « collaborateurs », les « traîtres à la patrie », le clergé uniate, les nationalistes des régions récemment acquises par l’Ukraine (membres de l’UPA, l’armée insurrectionnelle ukrainienne), et partisans de Stepan Bandera. Les troubles persistent jusqu’en 1950.

1954 – Khrouchtchev signe un décret qui rattache la Crimée à la République socialiste soviétique d’Ukraine. A l’époque cette décision n’a qu’un impact principalement administratif.

1985 – Dans le cadre de la Perestroïka lancée par Mikhaïl Gorbatchev l’URSS lance des réformes économiques et sociales d’ampleur. Comme dans d’autres républiques de l’ex-URSS cette politique d’ouverture entraîne un réveil du sentiment national ukrainien.

26 avril 1986 – Catastrophe de Tchernobyl. L’explosion d’un réacteur nucléaire au nord de Kyiv provoque la contamination des terres d’une partie de l’Ukraine, de la Biélorussie, et de la Russie. Le compte exact des victimes directes et indirectes de l’accident reste encore aujourd’hui incertain.

1989 – Le premier parti politique ukrainien, Mouvement populaire d’Ukraine « Roukh » est fondé. Le Parlement adopte, le 16 juillet 1990, la Déclaration sur la souveraineté politique de l’Ukraine. 

26 août 1991 – Après qu’un coup d’Etat ait fait trembler l’URSS et tenu Gorbatchev en dehors du pouvoir pendant 3 jours l’Ukraine déclare son indépendance le 26 août 1991.

1er décembre 1991 – Référendum sur l’indépendance, 90,5% d’électeurs votent pour l’indépendance du pays. La semaine suivante, l’acte de décès officiel de l’URSS est signé à Belavej, au Belarus, par les présidents ukrainien, russe et bélarusse.

De novembre 2004 à janvier 2005 – Révolution orange. L’élection présidentielle de 2004 oppose Viktor Ianoukovitch, ancien premier ministre favorable à un rapprochement avec Moscou à Viktor Ioutchenko, qui prône un rapprochement avec l’Europe. Pendant la campagne Viktor Ioutchenko est empoisonné et l’annonce de la victoire de Ianoukovitch, obtenue au prix de trucages massifs, est immédiatement contestée et déclenche un mouvement de protestation populaire dans le pays. Finalement, la cour suprême invalide l’élection et ordonne l’organisation d’un troisième tour. Ioutchenko remporte l’élection avec 54% contre Ianoukovitch. La révolution orange se solde par une déception. Nombre des promesses de Iouchtchenko ne sont pas tenues, notamment du fait de brouilles au sein de son parti.

Avril 2008 – Lors d’une réunion de l’OTAN à Bucarest l’organisation refuse la candidature de l’Ukraine.

25 février 2010 – Viktor Ianoukovitch est élu président de l’Ukraine face à une autre figure de la révolution orange, Ioulia Timochenko. 

2013 – Euromaïdan. Alors qu’un accord doit être signé entre l’Union européenne et l’Ukraine, la Russie fait pression sur Kyiv pour interrompre le processus. En novembre, l’Ukraine décide finalement de ne pas signer l’accord avec l’Union européenne sur fond de pressions de Moscou. Ce revirement entraîne des manifestations pro-européennes sur la place Maïdan à Kyiv. Les manifestants appellent à la démission du président Viktor Ianoukovitch.

21 février 2014 – L’intervention des forces spéciales contre les manifestants tourne au carnage. Des dizaines de manifestants sont tués. Le président Ianoukovitch prend la fuite.

Mars 2014 – Annexion de la Crimée par la Russie.

Avril 2014 – Alors que la Crimée vient d’être annexée des troubles commencent à agiter le Donbass. Largement attisés par le Kremlin ces troubles se transforment rapidement en confrontation armée.  Deux républiques sécessionnistes sont créées : la “République populaire de Donetsk” et la “République populaire de Lougansk”. Entre ces territoires et le reste du territoire ukrainien une ligne de front s’installe. 8 ans plus tard cette guerre a causé 8000 victimes.

Septembre 2014 et février 2015 – Minsk I et Minsk II. Accords entre l’Ukraine et la Russie obtenus sous l’égide de la France et de l’Allemagne exigeant un cessez-le-feu immédiat, le retrait des armes lourdes dans chaque camp, une grâce pour les personnes impliquées dans les combats, un échange d’otages et de prisonniers et le retrait des formations armées étrangères. Ils prévoyaient aussi une réforme constitutionnelle en Ukraine, des élections à Donetsk et Lougansk, les deux régions tenues par les séparatistes. Et il était prévu que celles-ci restent sous pavillon ukrainien et que l’Ukraine récupère la surveillance de sa frontière.

21 avril 2019 – Volodymyr Zelensky est élu président de l’Ukraine face au président sortant Petro Porochenko. 

21 février 2022 – Vladimir Poutine reconnaît l’indépendance des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. 

24 février 2022 – La Russie bombarde plusieurs villes ukrainiennes, dont Kyiv. Les troupes au sol pénètrent sur le territoire ukrainien, ce qui constitue le point de départ de l’invasion russe en Ukraine.

Partenaires

Avec le soutien de la cellule Démocratie ou barbarie de la Fédération Wallonie Bruxelles.

Crédits

Textes et réalisation : Ulrich Huygevelde et Laura Léger.

Soutien : Thomas Menestret.

Validation du site par Irena D’Aloisio, chargée de mission de la cellule Démocratie ou barbarie de la Fédération Wallonie Bruxelles.

Validation scientifique : Aude Merlin, Chargée de cours en science politique à l’Université libre de Bruxelles – Spécialiste de la Russie et du Caucase.

Merci à Éric David, Anaïs Marin, Boris Najman, Ioulia Shukan, Thierry Piel, Alexandra Goujon, Sebastien Gobert, Camille-Cerise Gessant, Régis Genté.