Les dynamiques démographiques dessinent un monde qui aura profondément changé d’ici à 2050. Si aujourd’hui la planète compte près de 8 milliards d’habitants, dans 30 ans, la population mondiale devrait atteindre 10 milliards. L’Afrique concentrera un peu plus de 50 % de cette croissance. La Chine devrait perdre sa première place de pays le plus peuplé au profit de l’Inde et, en 2100, 5 pays africains pourraient compter parmi les 10 pays les plus peuplés : Le Nigeria, la République Démocratique du Congo, l’Éthiopie, l’Égypte et la Tanzanie.
Dès la deuxième moitié du XXIe siècle, c’est un mouvement inverse qui est prévu : 151 des 195 pays du globe devraient être en situation de décroissance démographique.
Mais au-delà des chiffres, ce sont les modifications de la répartition géographique et de la structure de cette population qui sont déterminantes : déclin et vieillissement en Europe et en Asie, explosion démographique en Afrique. Un monde dans lequel, par ailleurs, il manquera plusieurs centaines de millions de femmes.
Ces bouleversements à l’échelle mondiale auront également des répercussions au niveau local et individuel. Derrière les chiffres se cachent des femmes et des hommes, jeunes ou âgé.e.s. Derrière les chiffres se dessinent des politiques en matière de santé, d’éducation, d’alimentation, de croissance économique, de logement, de solidarité, de protection de l’environnement… Derrière les chiffres se posent des questions plus philosophiques sur notre rapport au monde et à l’avenir de l’humanité.
Un vaste sujet, un beau sujet, l’un des plus grands défis mondiaux du XXIe siècle.
Image : CC – Omoeko Media
Les humains n’ont jamais été aussi nombreux. La population mondiale dépassera les 8 milliards avant la fin 2022, d’après un rapport de l’ONU en date du 11 juillet 2022. C’est un milliard de plus qu’en 2010, deux milliards de plus qu’en 1998 et 5,5 milliards de plus qu’en 1950.
D’ici 2050, la population devrait poursuivre sa croissance et atteindre 9,7 milliards d’habitants. Cette augmentation inédite devrait ensuite se stabiliser et plafonner à un peu plus de 10 milliards d’habitants à l’horizon 2100.
La Terre compte chaque jour 220 000 habitants supplémentaires, soit 80 millions chaque année. Cette croissance massive n’est pas sans consé- quences sur les équilibres écologiques et sur la pression, toujours plus importante, exercée sur les ressources. Nous sommes toujours plus à consommer et à émettre des gaz à effets deserre. Mais, en matière de pollution par exemple, tous les individus sont loin d’avoir le même im- pact, ainsi, les 20 pays les plus riches ont une empreinte écologique jusqu’à 20 fois supérieure à celle des plus pauvres et, selon l’ONG Greenpeace, quelques dizaines de multinationales sont responsables des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre.
Si la planète est de plus en plus peuplée, cette affirmation couvre des réalités très différentes selon les régions du monde.
L’Asie du Sud est ainsi, de très loin, la région la plus peuplée alors que le nord de ce même continent est constitué d’immensités quasiment vides. De la même manière, en Afrique, si les étendues sahariennes sont très largement désertes, la région du golfe de Guinée devrait continuer à s’imposer comme l’un des bassins majeurs de la population mondiale.
Beaucoup de villes sont décrites aujourd’hui comme surpeuplées, invivables et très polluées. Il se peut que cette réalité déjà tangible ne soit qu’un avant-goût d’un futur déjà proche. De nombreuses mégapoles devraient ainsi voir leur population croître encore davantage dans les prochaines années. Au nombre de 29 actuellement, les mégacités (plus de 10 millions d’habitants) devraient passer à 50 d’ici 2050. À cette date, plus de 65 % des habitants de la planète vivront dans les villes contre 55 % aujourd’hui. Si l’urbanisation et le développement des mégapoles sont souvent perçus de façon très critique par le grand public, les géographes y voient aussi de nombreux avantages. Dans les villes la mortalité infantile diminue, la scolarisation augmente.
Les possibilités d’innovation et la conquête de nouveaux droits y sont également bien plus importantes.
Malgré cela, les défis qui se posent aux grandes villes sont gigantesques, notamment en matière de transport, de logement, de sécurité ou encore de lutte contre le changement climatique.
Si la démographie mondiale connaît une augmentation spectaculaire, ce bond n’est pas dû à une hausse de la fécondité à l’échelle mondiale. Au contraire, le taux de fécondité baisse progressivement sur tous les continents.
En moyenne dans le monde une femme a ainsi aujourd’hui 2,4 enfants au cours de sa vie, contre plus de 4 en 1950. Cette tendance à la baisse de la fécondité cache cependant de très fortes disparités.
Image : ©CE/ECHO/Jean De Lestrange
L’espérance de vie a fait un immense bond dans le monde depuis 1950 en gagnant
28 ans en Asie, 24 ans en Amérique latine ou encore 20 ans en Afrique. Cette augmentation est due à la baisse de la mortalité infantile, à l’amélioration de l’hygiène ou encore à une meilleure lutte contre les maladies infectieuses. Si cette dynamique est globale, elle masque là encore de fortes disparités avec une espérance de vie de plus de 80 ans dans la plupart des pays développés mais qui reste encore inférieure à 60 ans dans 22 pays d’Afrique sub-saharienne.
Alors que la fécondité baisse largement à l’échelle mondiale, c’est cette hausse spectaculaire de l’espérance de vie qui explique en grande partie l’augmentation de la population mondiale et son vieillissement inédit dans l’histoire.
Image : CC – Olivier Gargan
La population mondiale connaît un phénomène inédit de vieillissement accéléré sous l’effet conjugué de l’allongement de l’espérance de vie et de la baisse de la natalité. Les pays riches et l’Asie devraient être les régions les plus impactées.
Ce vieillissement aura des conséquences en cascades pour nos sociétés : hausse des dépenses liées à l’âge, adaptation des structures médicales, du monde du travail, mais aussi innovations technologiques, boom de la « silver economie », etc. Il pourrait s’agir de l’une des transformations sociales les plus massives du XXIe siècle.
Entre 2010 et 2020, quatorze pays ou régions dans le monde ont connu un afflux net de plus d’un million de migrants. Les conditions de vie difficiles dans certaines parties du globe, mais aussi le risque de conflits, le changement climatique, la pénurie d’eau devraient, à l’avenir, contribuer à l’augmentation des migrations à l’échelle internationale.
Dans une étude publiée en 2020 par l’Institute for Economics and Peace, des chercheurs pointaient la particulière fragilité sur les plans économique et climatique de 19 pays qui selon toute vraisemblance devraient devenir les principaux points de départ des grandes vagues de migrations dans le monde, aux premiers rangs desquels figurent le Pakistan ou encore l’Iran.