Imaginons pour l’Ukraine une perspective d’adhésion à l’Union européenne qui soit à la hauteur de la tragédie en cours.

Depuis le 24 février 2022, l’Ukraine ploie sous les bombes et les violences de l’armée russe, sans que celles-ci ne parviennent à briser la détermination d’un peuple dont le courage dans cette épreuve force l’admiration.

Au-delà de l’urgence absolue de stopper la Russie dans sa guerre meurtrière, notamment par une aide militaire à l’Ukraine dans le cadre de sa légitime défense, il n’est ni trop tôt ni dérisoire d’imaginer l’Europe d’après et de trouver des réponses à la hauteur de l’enjeu. Aujourd’hui, l’agression de l’Ukraine nous enjoint de répondre à l’espoir européen de plus de 40 millions d’Ukrainiennes et Ukrainiens plongés dans l’horreur et la destruction systématique, mais aussi dans l’exil intérieur ou extérieur pour des millions d’entre eux. Il s’agit aussi pour l’Union européenne (UE) d’être crédible dans la défense de son modèle.

Nous, le Groupe du 24 février, constitué de chercheurs, journalistes, traducteurs, fonctionnaires nationaux et européens, militants des droits humains, citoyens engagés dans des coopérations avec ce pays, demandons solennellement aux chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne de donner une perspective d’adhésion claire à l’Ukraine lors de la réunion du Conseil européen prévue les 24 et 25 juin prochain. 

La présidente de la Commission européenne s’est déplacée à Kyïv les 8 et 9 avril pour porter ce message : la place de l’Ukraine est dans l’Union européenne.

Aux chefs d’États et de gouvernements désormais de confirmer cette perspective et non de se contenter, comme ils l’ont fait lors des sommets du mois de mars, de demander à l’Ukraine de « poursuivre les réformes » et à la Commission de « préparer une opinion » sur le sujet. Il est du devoir des décideurs européens d’être à la hauteur de ce moment historique. Souvenons-nous que c’est en pleine Seconde Guerre mondiale, dans une Europe déchirée par des totalitarismes exterminateurs, que les Pères fondateurs ont forgé les principes de l’édifice de paix qu’est désormais l’UE. Nous appelons en particulier Alexandre De Croo à se prononcer clairement et rapidement sur la question de l’octroi à l’Ukraine du statut de pays candidat à l’adhésion à l’UE, au-delà d’une intégration économique accélérée.

Rappelons que, dans notre famille européenne, aucun peuple n’a eu à payer un tel prix pour son choix européen. Le drame actuel plonge ses racines dans l’engagement des Ukrainiens à poursuivre leur trajectoire démocratique européenne – et dans les réactions systématiques du pouvoir russe pour les en empêcher – comme ils l’ont montré depuis la révolution de la Dignité (Maidan, 2014). Rappelons aussi qu’à l’heure où certains États membres sombrent dans un repli nationaliste qui les éloigne des valeurs de l’Europe, l’aspiration européenne des Ukrainiens et des Ukrainiennes est, elle, d’une ferveur sans égal.

Rappelons que, dans notre famille européenne, aucun peuple n’a eu à payer un tel prix pour son choix européen. Le drame actuel plonge ses racines dans l’engagement des Ukrainiens à poursuivre leur trajectoire démocratique européenne – et dans les réactions systématiques du pouvoir russe pour les en empêcher – comme ils l’ont montré depuis la révolution de la Dignité (Maidan, 2014). Rappelons aussi qu’à l’heure où certains États membres sombrent dans un repli nationaliste qui les éloigne des valeurs de l’Europe, l’aspiration européenne des Ukrainiens et des Ukrainiennes est, elle, d’une ferveur sans égal.

Soyons à la hauteur de leur détermination et montrons la nôtre ! Si le message politique est clair, le processus administratif suivra. Le combat des Ukrainiens est le nôtre, c’est un combat pour l’Europe de demain. Une Europe débarrassée des autocrates, des populistes et des régimes illibéraux, avec l’exigence de répondre aux défis qui nourrissent leurs succès électoraux.

Les peuples européens ont déjà intégré cette nouvelle dynamique, comme le démontre l’élan de solidarité dans l’accueil des réfugiés ukrainiens. Comme l’attestent aussi les sondages montrant un soutien en très forte progression des citoyens européens à l’adhésion de l’Ukraine. Nous appelons en outre l’UE à proposer dès à présent à l’Ukraine des mesures qui permettront sans délai une intégration renforcée avec l’Union dans tous les domaines (politique, transport, économie, vie universitaire,  culture, etc.). Envisageons, d’ores et déjà, après la guerre, Kyiv capitale européenne de la culture.

Cette nouvelle étape de la construction européenne aura d’autres effets bénéfiques : pour les pays des Balkans occidentaux, remettre la politique au cœur de leur processus d’adhésion en sortant des faux semblants (comme, par exemple, les alliances que la Serbie a forgées avec la Russie alors même qu’elle négocie son adhésion). Nous nous devrons aussi d’être clairs et intransigeants avec les États membres actuels qui enfreignent les principes fondamentaux de notre Union. Enfin, il n’est pas trop tôt non plus pour anticiper l’après d’une relation avec une Russie qui, tôt ou tard, devra se réinventer, tirant les leçons d’un quart de siècle de tergiversations face à la graduelle et sanguinaire fuite en avant du régime de Poutine. L’Europe ne pourra plus tolérer d’être encore à la merci d’un militarisme impérialiste russe toujours renaissant.

Le 9 mai prochain, le Kremlin organisera sa traditionnelle démonstration de force sur la Place rouge, De ce côté du continent, ce sera la date de la traditionnelle fête de l’Europe et la période de finalisation de la Conférence sur l’avenir de l’Europe.

Quel meilleur moment pour tracer les contours de l’Union de demain. Une Union dans laquelle l’Ukraine mérite plus que jamais toute sa place !

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie un groupe de chercheurs, journalistes, citoyens bruxellois attachés à l’Ukraine et révulsés par l’attaque russe sur ce pays, s’est constitué spontanément pour mener différentes actions :

Pour plus d’ informations : contact@geopolis.brussels, 0485 32 85 90

Signataires :

Mathilde Arjakovsky
Nicolas Auzanneau, traducteur
Marta Barandiy
Gabriel Blanc
Christophe D’Aloisio, enseignant et militant des droits humains
Bernard De Backer, sociologue et auteur
Ulrich Huygevelde, coordinateur du centre Geopolis et d’Euradio Bruxelles
Caroline Giraud
Sébastien Gobert
Myriam Goinard
Natache Kazatchkine, juriste
Rūta Liepiņa, traductrice
Coline Maestracci, doctorante à l’ULB
Pauline Maufrais
Aude Merlin, chargée de cours en science politique à l’ULB
Alain Mihály, traducteur
Lise Meunier
Lydia Obolensky, enseignante
Tatiana Romon
Estelle Siben